Mon autre mort se poursuit,  ce 29 avril

Nuit agitée, quoique de sommeil profond. Vers le moment du réveil, avant qu’il ne soit sept heures, j’ai rêvé de Stéphanie. Elle habitait avec ses parents notre ancienne maison de la rue Félibien[1], et il faisait très beau. Je la trouvais en compagnie de sa mère dans une pièce qui ressemblait un peu à notre chambre au deuxième étage de la maison ; elle était occupée à dessiner de façon très précise de la végétation — peut-être une interprétation de ce que j’imagine être ses occupations actuelles. Je les laissais, n’ayant guère provoqué qu’une indifférence polie ; Stéphanie dit qu’elle m’écrirait, mais prétendant ne plus se rappeler mon adresse, elle la demandait à sa mère (je ne sais plus si c’est ou non moi qui sollicitais cette lettre ; le fait est que quand je l’ai vue chez Stéphane l’autre soir, où je l’ai trouvée à son avantage, elle me l’a promis). J’en ai été mécontent. Est-ce ou non en rapport avec son « oubli » de mon anniversaire ? Il faudra lui rendre la pareille en tout cas.

Avant de quitter la maison, je fis un tour au jardin, pour goûter à nouveau son atmosphère ; peu de choses avaient changé, de même que dans la cuisine, où à la place de l’armoire jaune était pendue une imposante batterie de cuisine ; seulement y avait-il plus de lumière et d’espace. Je restais un moment à contempler un arbre à baies noires, aussi grosses que des grains de muscat, puis sortais. À peine avais-je fait quelques pas qu’il me parut tout à coup évident que j’avais oublié ma veste. Mais j’eus beau sonner avec insistance, je ne pus obtenir qu’on m’ouvre.

[1] Enfin celle de mes grands-parents, donc, où nous habitions elle et moi.