Mercredi cinq mai, hier soir,
première projection publique
Antigone et Du jour au lendemain
de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
au Cinématographe.
Contre toute attente un beau succès,
plus de cent entrées payantes,
quand je craignais qu’il n’y en ait pas la moitié.
N’y étaient ni ce salaud d’Ermold
(enfin il a fourni aujourd’hui
un mot d’excuse valable)
ni Marc Ausone,
qui devait écrire un article : il l’a peut-être fait,
mais il n’est pas passé.
(si la soirée avait été un échec, je leur en aurais voulu).
Je pense même qu’on est rentrés dans les frais
il faut dire qu’on avait ouvert un bar clandestin à l’entracte,
et que ça a beaucoup joué.
Dix francs la canette de bière,
ce n’est pas excessif,
et ça fait tout de même sept francs
de gagnés dessus. Le problème
est qu’on ne pourra peut-être pas refaire ça
à chaque fois : si on se fait prendre
on aurait l’air malin.
En tout cas, ça donne l’envie
de recommencer,
et pour moi, de m’y mettre de façon plus sérieuse.
Pour cette fois, je n’ai été
qu’un prête-nom pour Joris
(comme Stéphanie)
puisqu’il faut plusieurs personnes
pour former une association.
Non seulement les gens sont venus,
mais ils se sont montrés
intéressé,
beaucoup
nous ont demandé ensuite des renseignements,
ce qu’on comptait montrer ensuite
et quand.
De ça, nous n’avons pas encore discuté
(Joris et Stéphanie sont partis dès aujourd’hui
rendre les bobines à Sarcelles
puis voir Mady, ils ne rentrent que dimanche).
Nous ne connaissons pas bien du tout
le cinéma « difficile ».
Mais il y a un public,
même si le nom de Straub
a pu attirer
plus que ne l’auraient fait d’autres :
eux sont connus des cinéphiles,
qui n’ont pourtant que peu eu l’occasion
de voir leurs films
du moins en salle à Nantes.
Ermold, Jean-Jacques Morice, et d’autres
ont déjà suggéré des auteurs.
La politique de petit tarif a plu aussi :
vingt-cinq francs pour deux films,
il faut dire que ce n’est pas voler
(peut-être pourra-t-on monter à trente :
on s’en est tiré, parce que chaque film
ne coûtait que mille francs ;
d’après Ermold, ça peut monter
à deux mille cinq cents
ou trois mille
pour les plus chers).
Nous n’avons en revanche pas pu voir beaucoup des films.
Pour le premier, nous étions si contents
Joris et moi
qu’on est resté fumer des clopes dans le hall
en ressassant notre joie.
Et pour le second,
il a fallu que je m’éclipse à mi-séance
pour demander à tous ceux qui n’avaient pas tenu
et étaient sortis en cours
(notamment lors d’un long plan fixe
sur des pierres au sol — une photo magnifique —
pendant lequel le chœur parle
de sa voix monocorde. C’est sûr
qu’il faut être un peu armé ;
mais une fois qu’on entre dedans,
c’est d’un attrait puissant.
Évidemment loin
des canons
du cinéma habituel,
même du meilleur)
de parler moins fort dans le hall :
on entendait vraiment trop
leurs discussions depuis la salle.
Papa est venu,
de même que Broerec,
qui n’a pas tenu vingt minutes de chaque film,
et Fred, les Mathieu(x),
Monsieur Loïc,
qui venait d’avoir le jour même
un article dans les Inrocks.
Aujourd’hui Chepe est parti à Madriz
passer les première épreuves
du concours de contrôleur aérien.
Ce serait bien qu’il l’ait,
puisque c’est son désir actuel.
Mais je le regretterai s’il part,
l’an prochain s’il
n’est plus à Nantes
(on peut être sûr qu’assez vite,
nous ne donnerions plus
de nouvelles :
il faut bien se dire
que c’est presque tout le temps comme ça
l’amitié).