Dimanche 9 mai

Essayé de travailler une partie de la journée, mais ça n’avance vraiment pas vite. Je ne sais toujours pas par quel bout prendre ce que j’ai entre les mains. En fait je ne me sens pas très autorisé à accomplir ce travail : je suis loin d’avoir les compétences. Et ce n’est pas qu’une question de manque de confiance. Je finis par développer quelque chose comme une claustrophobie mentale : comme si j’allais exploser tant l’espace à l’intérieur de mon crâne est exigu.

Déjà si tard dans l’année… j’ai l’impression de n’en avoir pas profité du tout, je ne sais pas où sont passés les mois. On peut d’ores et déjà être certain que les « charmes du printemps et du début de l’été » vont me passer sous le nez sans que je m’en rende compte, et sans que j’en profite un instant. Suis-je de toute façon en état d’en profiter ?[1]

Dans l’après-midi, Fred venu enregistrer quelques morceaux sur 4-pistes (deux guitares classiques ; une des pièces ressemble à ce que fait Yann Tiersen) ; après m’avoir demandé de l’assister, mercredi soir, il n’osait pas revenir à la charge, craignait de me déranger. C’est un fait que j’aurais pu passer ces heures à mon bureau (ou ailleurs : qui peut assurer que j’aurais travaillé ?), mais il faut bien rendre service de temps en temps, ne pas fréquenter la communauté des « vivants » seulement pour traîner dans des bars enfumés avaler des boissons fermentées. J’espère ne m’être pas trop fait prier pour apporter mon aide – en tout cas je suis resté plus réservé que d’habitude ; j’ai fait moins d’efforts pour être bêtement friendly comme ça m’arrive le plus souvent. Plus resté en moi-même. Quitte à paraître plus froid.

C’est bien que Fred fasse quelques trucs. C’est aussi pour le soutenir là-dedans que j’ai accepté de l’aider (lui-même reconnaît qu’il faut le pousser aux fesses).

[1] Et puis tout cela ne relève peut-être bien que du fantasme.