Je me suis conduit comme un imbécile chez le docteur Moreau, serinant encore plus qu’à l’habitude qu’il ne devait vraiment pas trouver intéressant ce que je racontais, que c’était inutile, etc. Instructif sur ma manière d’envisager la relation (toute relation sociale), sur ce besoin irrépressible de se justifier, de se protéger. Je n’en suis pas encore à pouvoir l’analyser de façon claire. Pour le reste, c’est un fait que je tourne en rond, et toujours sur le même sujet. Les filles ; et maintenant Sarah en particulier : comment les séduire, comment l’avoir ? Un adolescent… Et je suis trop en attente d’une recette lorsque j’entre dans son cabinet (je sais qu’elle ne peut venir que de moi ; mais j’ai tendance à attendre qu’une se formule de notre échange) : j’en reste au strict domaine de l’explicite. Lui expliquant qu’elle avait souhaité qu’on apprenne à se connaître d’abord, puisqu’on avait commencé par faire les choses à l’envers (même si je sais bien que ses réticences pouvaient être d’une autre nature). Le médecin a critiqué la manière que j’ai de voir les choses, de la vouloir trop conforme à mes attentes, en un sens de l’avoir : de tricher dans l’échange possible. Ce que j’ai fait en allant vers elle plus parce que je me croyais sûr du résultat que par pure inclination. Alors qu’il s’agit quand même d’aller vers l’inconnu (et bravement si possible). Je voudrais que tout me soit donné. Et c’est pour ça que j’ai cette forte tendance à croire que n’arrive jamais que ce à quoi on s’attend le moins ; je ne donne pas assez de crédit à la prise de risque. Je passe ma vie à attendre, à attendre que le cours des événements décide pour moi, dans un éternel pessimisme.
Clôture momentanée de l’épisode.