Mercredi 23

Journée seul à Paris, pour un rendez-vous au Ministère des Affaires Étrangères[1]. J’ai commencé par craindre la très grande ville (dans ces cas-là comme on se sent provincial), puis ne m’y suis pas senti mal, même si la solitude pèse à la fin : flâner dans les rues d’une grande ville, Paris spécifiquement peut-être, est un plaisir. Mais je n’ai pas eu tant que ça du temps à tuer, mis à part au soleil du jardin des Tuileries vers une heure, où flottaient sans cesse à mes oreilles des vagues d’autres langues.

Au palais de Tôkyô, vu la grande exposition sur l’art des années 30, qui ne m’a pas scié autant que j’aurais voulu, même si j’y ai admiré des Malevitch impressionnants (de sa période du retour vers la figuration sans visages), quelques Kurt Schwitters, Fontana ou Mondrian, et de bons tableaux hollandais d’un réalisme sordide (je n’aime pas beaucoup la peinture surréaliste, très présente dans l’expo[2]). Puis j’ai avancé mon train de retour pour ne pas rester bloqué par une grève des contrôleurs de la SNCF à partir de huit heures du soir.

[1] Mon séjour à l’étranger l’an prochain est compromis ; pour réussir maintenant à partir, il faudrait faire des efforts disproportionnés par rapport à ce que je me sens capable de faire. J’aurais déjà toujours été sur la tangente sur ce sujet, il n’est pas besoin de grand-chose pour me faire basculer du côté de la facilité ; malheureusement.

[2] Ermold le fou et Parnet avaient été dithyrambiques, mais c’est qu’ils sont passionnés par les revues d’avant-garde de l’époque, qui étaient là en nombre — mais sur des présentoirs vitrés évidemment, on ne pouvait pas les toucher, ce qui réduit l’intérêt à une vaine contemplation où ne jouent guère que les références culturelles ; mieux aurait valu à côté avoir réalisé quelques fac-similés des plus représentatives, qu’on puisse voir ce qu’il y avait dedans, plutôt qu’être réduits à se repaître des titres (c’est un des problèmes de la muséographie).