Vendredi en fin d’après-midi

J’ai eu une petite prise de bec avec un prof lors de la séance de consultation des copies par les étudiants à la fac. Ça m’a affecté. C’était à propos d’une étudiante non rattrapée lors des délibérations, ce qui me semblait étrange et injuste au vu des documents présentés. Sur la forme, j’ai sans doute eu tort de prendre son parti, surtout en sa présence, alors que le jury est dit « souverain », et qu’on n’a pas à revenir sur les décisions prises ; mais c’est plutôt que son cas n’avait pas été examiné, qu’il n’y avait donc eu aucune décision : ce que j’ai pu vérifier une fois chez moi. J’ai pu mesurer à nouveau, cet après-midi, pendant deux heures mortellement chiantes à errer dans le couloir, comme avec ce petit différend, le peu de considération que les profs ont pour les chargés de cours. Au mieux de l’indifférence, mais souvent même teintée de condescendance. Il est clair que je n’ai rien d’un égal ; ceux qui ne me connaissent pas me prennent même en général pour un étudiant, et je dois y aller à la louche pour assurer ma position. Comment s’étonner que je me sente plus proche de ceux-ci, dont je partage déjà bien plus l’âge et les préoccupations ?

Avant de rentrer, je suis passé à la FNAC place du Commerce acheter Loveless de My Bloody Valentine, que j’avais vu à 59F avec Matt mercredi. D’habitude j’évite ce pompeux supermarché[1].

[1] Mercredi, justement : je rencontre Matt sur la place, et je l’accompagne acheter un cadeau pour sa copine. Dans le hall monumental du magasin, je me fait interpeller par un grand Noir qui fait le vigile, l’air sérieux et déterminé dans son impeccable costume d’uniforme, une oreillette dans l’oreille comme dans les pubs pour déodorant masculin : il veut voir le bouquin qui dépasse un peu de ma poche. Au cas où je l’aurais volé. « OK, on voit qu’il est vieux », voilà tout ce qu’il trouve à me dire après l’avoir retourné en tous sens. Voilà pourquoi je refuse de mettre les pieds dans ces petits empires merdiques.