Mercredi 5 novembre 1997

Vu le dernier Almodovár avec Chepe au Katorza. Bon film, qui raconte une histoire plutôt tragique, même si elle se termine bien pour au moins deux des personnages — tragique dans le sens où tous les éléments sont si inextricablement liés entre eux (parfois par le hasard, une rencontre inopinée au cimetière, une descente de flics mal tombée, un match de basket à la télé) qu’ils ne peuvent guère que produire une explosion. Également une bonne mise en scène du mensonge. On dit beaucoup que ce qui faisait la touche caractéristique d’Almodovar avait tendance a marquer le pas dans ses derniers films, mais il reste de nombreux trucs auxquels on peut la relier (peut-être moins voyants) : une scène de cunilingus dans une baignoire ; le fait qu’un des personnages soit (devienne plutôt) joueur dans l’équipe nationale espagnole de basket pour handicapés — ce qui occasionne pas mal de scènes que j’imagine difficilement dans un film français ; la maison du jeune héros, en préfabriqué et dans quartier voué à la démolition, certains moments domestiques, etc. Il y a en revanche, encadrant le film, une référence au franquisme dont je ne m’explique pas très bien le rapport avec le reste. Pourquoi le héros dit-il à la fin « En Espagne, il y a longtemps qu’on n’a plus peur » ?

Ensuite, avant de rejoindre avec beaucoup de retard Paul et Broerec, que j’avais indépendamment l’un de l’autre convoqués au Saguaro, discuté de choses et d’autres, notamment de la corrida ; j’avais l’idée évidemment simpliste que tous les Espagnols devaient aimer ça, que c’était en quelque sorte dans leur sang. Mais Chepe est lui plutôt contre.