Une bonne heure au téléphone avec Clément depuis Montréal ; il y a un moment que je n’avais pas eu de ses nouvelles directement. Je tarde tant pour écrire les textes que je lui ai promis pour ses chansons que j’ai sans cesse remis de lui envoyer une nouvelle lettre (et ne cessant cependant de m’en faire du mauvais sang). J’ai même si mauvaise conscience que je ne me suis décidé que ce soir à écouter la seconde face de la cassette qu’il m’avait fait parvenir par sa sœur fin novembre, où il parle de choses et d’autres et joue quelques morceaux en acoustique. Je crois que c’est écouter sa voix que j’appréhendais, et de plus en plus à mesure que le temps est passé. C’était trop intime, et trop intrusif. Je l’ai appelé aussi parce que j’avais eu vent par Arnaud qu’il rentrait, à cause de son visa, et il rentre en effet pour quelques mois, fin janvier — mais il restera probablement à Toulouse quelques temps : bouffée d’oxygène dans mon retard, même si j’ai hâte de le voir.
Je me sens maintenant mal à l’aise, comme si je n’avais pas dit ce qu’il fallait. Comme après la fête chez Marie-Charlotte, où des sueurs froides me sont venues peu à peu dimanche, à mesure que je me faisais une montagne plus grosse des propos étranges, et peut-être désobligeants, que Radulphe et moi y avons tenu sur la fin, dans les vapeurs de l’ivresse ; c’était au sujet des multiples strates de l’amitié. Mais peut-être est-ce parce que Clément m’a passé Hélène à la fin, et qu’une fois au bout du fil, je n’ai pas su trop quoi lui dire.