Déménagement ce matin, dès huit heures et demie, de Jeanne et Nicolas, qui repartent pour Paris. Pas assez dormi, évidemment : hier soir au Saguaro (où j’ai très peu mis les pieds ces dernières semaines). Laurence, la patronne du bar, est enceinte de trois mois, elle me l’a dit : une vraie maladie, en ce moment. Peu bu, mais beaucoup trop fumé. Je commence à atteindre un seuil critique en matière de tabac. Joris a pris, lui, son habituelle et effroyable tequila pimentée. Après le départ de mes premiers compagnons, je suis resté pour une petite leçon culinaire du Minotaure : une recette de cailles aux poivrons. Je la note pour ne pas l’oublier. On commence par passer au gril sur chaque face des lanières de poivron rouge, jusqu’à ce qu’elles commencent à colorer ; on les place aussitôt à refroidir dans un sac en plastique qu’on ferme en le vidant de l’air qu’il contient : c’est pour leur enlever la peau sans difficulté (le détail m’avait paru bizarre avant qu’il n’en donne l’explication). Pendant ce temps, on enserre chaque caille dans une tranche de jambon cru en la roulant, et on les fait dorer dans une cocotte ; on peut ensuite flamber au cognac, ou en verser un petit verre dans le récipient avant de mettre un bol de bouillon de volaille. On ajoute les poivrons débarrassés de leur peau, on sale, poivre, etc. et laisse cuire à feu doux une demie heure. À accompagner d’un risotto avec petits pois, fonds d’artichauts et autres selon l’envie. Ça a l’air pas mal.
J’attends Mathieux et Joris, qui ne devraient plus tarder, pour aller à un festival de rock indé français à Redon, où Loïc joue. Ces notes sont vraiment beaucoup moins élevées que les réflexions dont J.-R. Huguenin parsème son Journal sauvage et sentencieux ; mais que voulez-vous, je préfère y faire sentir le quotidien (aussi médiocre soit-il parfois), et les gens hautement estimables qui forment mon entourage. Je voudrais qu’ils en deviennent les héros d’un roman, philosophique ou de chevalerie, mais qui ne s’embarrasserait pas trop de formules. Gens du futur, si vous aimez rêver à ce que fut une autre époque, et sentir dans de menus détails la permanence du monde, ces pages sont pour vous.