Vendredi 17 avril 98, Nantes

Une semaine qu’il fait mauvais temps presque sans interruption.

Revenu à nouveau avec le docteur Moreau sur cet adoubement que je ne cesse de chercher tout en contestant à ceux à qui je m’adresse le droit de le faire — drôle de mouvement. J’avais pourtant en vue de parler de tout autre chose, mais il faut croire que c’est vraiment ce qui est important à régler pour le moment. Il est d’ailleurs possible (vu comme ça m’a mis mal à l’aise, plein de forfanterie et honteux de l’être) que ça progresse. L’amusant est que je me suis soudain souvenu d’un petit poème (fort mauvais sans doute) écrit quand j’étais en terminale qui parlait très exactement de ça : j’y disais que je ne pourrais être chevalier parce qu’il me serait impossible de jamais mettre un genou en terre devant quelqu’un — le docteur Moreau en développant immédiatement la pensée implicite : de toute façon, je le serai quand même. C’était bien ça, en effet.

Rentré vers sept heures de la fac où je suis allé discuter de mon travail avec Ferni, j’étais claqué, j’ai dû m’allonger une demie heure ; on ne peut pourtant pas dire que c’est à cause de mes réveils matinaux : toujours autant de difficulté à émerger du sommeil, c’est une vraie maladie (et jamais avant neuf heures : impensable). Peut-être est-ce que j’avais trop fumé. Je crois que j’ai aussi fait une belle connerie, qui me mine depuis : une fois que Minotaure a été parti, je me suis installé sur son ordinateur pour recopier un logiciel de son[1], et en voulant éjecter une disquette, j’ai mis à la corbeille un de ses dossiers (j’ai confondu les deux icônes…) ; et comme il n’a pas de procédure de vérification avant la destruction des documents, je crois bien que son truc est foutu. Je suis assez mal. Quelle stupidité. Du coup, j’ai ouvert la bouteille de Madiran que je viens d’acheter, et je crois que je vais me la taper (je ne bois quasiment jamais de vin chez moi). En plus, peu de chances que je trouve avec qui sortir ce soir : Paul est parti rejoindre Petit-Fruict-des-Bois à la grande ville, Joris est à Rennes pour un stage de jeu d’acteur, et Broerec (que j’ai vu hier) a une réunion ; et je préfère garder la carte Ermold/Marie-Charlotte pour demain, où les opportunités ne seront pas plus nombreuses.

Vraiment trop de jolies filles à l’Unico où j’ai fait mes courses. Comment se fait-il que je n’aie rencontré que des échecs, dont, dernier en date, cette petite Sonia qui m’attire mais ne me plaît pas ? C’est difficile de rencontrer quelqu’un — et s’il faut s’en remettre au hasard, on n’a pas fini.

[1] Que j’avais déjà en fait, et qui ne veut toujours pas fonctionner quoique j’aie eu l’impression de suivre correctement toute la procédure. L’informatique est vraiment un truc à quoi je ne comprends rien.