Ce matin, j’ai fait semblant d’être malade (j’ai prétendu que je venais de vomir dans les chiottes) pour rentrer chez moi. Mais je ne sais si c’est à force de persuasion pour que mon rôle soit crédible, ou parce que je ne me sentais au fond réellement pas bien, j’ai été en très mauvaise forme toute la journée. Et puis être chez moi sans raison valable quand j’aurais dû travailler m’a culpabilisé.
Terminé Eureka Street, de Robert McLiam Wilson, un autre bouquin emprunté à Mady. Un gros roman qui se lit très bien, dans lequel on a envie d’avancer, et se situe tout à fait dans la tendance de l’époque, entre humour décalé et récit de plain-pied dans le monde réel — d’un classicisme libre, je serais tenté de dire. On en retire une idée plus précise des problèmes de l’Irlande du Nord et de Belfast en particulier, où l’action se passe pour l’essentiel. Les passages en Amérique m’ont d’ailleurs paru moins bons, moins habités (de même que certaines scènes de pub en dialogues, avec de multiples personnages, plus artificielles). Moins original que le personnage de Chuckie, le gros crétin qui devient millionnaire presque malgré lui en bernant les organismes d’investissement en Ulster, celui de Jake, jeune « intellectuel » paumé, ex-bagarreur, sentimental et narrateur des chapitres où il tient le premier rôle (les autres ont un narrateur extérieur), est néanmoins très attachant — il est facile pour quelqu’un comme moi de s’y projeter ; et sans doute contient-il quelques traits de l’écrivain lui-même.