Mercredi 20 et quelques juin 98, Nantes

La Maman et la putain. Incroyable comme ce film qui a vingt-cinq ans parle aujourd’hui, comment il vient répondre précisément à nos attentes. Combien ont pris sans le savoir pour modèle le personnage du magnifique Jean-Pierre Léaud. Film passionnant, jusque dans ses dérapages (les références intellos à tire-larigot) et dans le côté vieillot de ses années 70. Cette proximité pose en revanche des problèmes (longue discussion ensuite au café pour en parler) — par sur lui, mais sur nous : on dirait que rien n’a beaucoup changé en vingt-cinq ans, que nous (les films comme nos vies) n’en sommes presque que des redites. Bien sûr, c’est exagérer, et Joris n’était pas d’accord comme on peut s’y attendre[1], mais ce n’est cependant pas à prendre à la légère. Je parle là surtout de la première partie. La seconde étant d’un ton assez différent, beaucoup plus directement profond et noir, j’en suis toujours à me demander si c’est un bien ou non qu’il y ait une interruption entre les deux pour changer les bobines. (je vais passer pour un blaireau auprès des gens cultivés mais) grande découverte que Jean Eustache.

[1] Lui s’est intéressé en particulier au jeu des comédiens (ça ne pouvait que lui plaire), qui n’a pas forcément eu la postérité que j’accorde à l’ensemble.