Le Croisic, vendredi 3 juillet

Arrivé sur le port, j’ai eu l’impression que la France avait perdu contre l’Italie — sinon l’ambiance n’aurait pas été si morne. Mais à vrai dire je n’en sais rien ; à l’heure qu’il est je ne connais pas le résultat, je ne sais même pas si le match est terminé. Je préfère ne savoir que plus tard, quand ce sera fini : sinon, je vais stresser. Ce n’est pas que le foot soit important pour moi, mais une fois que je me prends au jeu, le résultat devient trop crucial pour que je puisse vraiment prendre du plaisir au déroulement qui y mène. C’est pour ça que je préfère, à la limite regarder un match qui à mes yeux n’a pas d’enjeu (pour la plupart des gens, c’est bizarre). Enfin c’est pareil pour tout, je suis trop tendu vers le résultat. C’est pour ça que trop souvent lorsqu’il ne me paraît pas acquis, je préfère ne même pas m’engager : une belle connerie, non ? (puisque vivre c’est risquer : un cliché, mais comme pas mal, il est vrai).

J’attends dans un café que Joris ait terminé sa journée de travail pour qu’on retourne à Nantes ; mais je suis passé le voir en arrivant, et la cour aux murs de pierres claires m’a rappelé quand j’avais travaillé moi aussi au cabinet médical il y a sept ans, pour payer mon voyage au Québec pour le mariage de Ben et Anne-Hélène. Depuis ce matin, je vais avoir roulé au moins 450 km. C’est beaucoup pour moi. Je reviens de Rennes, où mon entrevue s’est mieux passée que je ne le craignais ; à nouveau Branger a été directif, et m’a presque bâti le plan de mon travail. Mais je ne l’ai pas mal pris. Je n’en attendais pas moins, même, puisque j’étais un peu paumé, et que je n’ai aucune vocation à être le chercheur du siècle dans la discipline ; mais il a encore nettement orienté le sujet dans un sens qui ne correspond que partiellement aux idées que j’avais (il est vrai disparates), et pour lequel les lacunes à combler sont monumentales.