Mercredi 2 septembre 1998, à nouveau à Nantes

Chanson de la journée : « Kidnapping an Heiress » de Black Box Recorder (la onzième de l’album), que j’ai eue dans la tête toute la journée. J’ai acheté le disque juste avant de partir sur la foi de « Swinging », le morceau sur la compilation d’été des Inrocks, qui avait fini par s’enfoncer en moi comme un coin, mais j’avais trouvé le reste un peu plat, de même que Clément et Hélène lorsque je leur en ai offert un exemplaire à mon arrivée à Montréal (c’est la deuxième fois que j’achète en même temps un disque en deux exemplaires, un pour moi, l’autre pour offrir ; la précédente, c’était pour un anniversaire de Paul. Mais lui, pas sûr que j’aie l’occasion de réitérer : il a un peu disparu[1]). Il faut dire que malgré les mélodies évidentes, le côté minimaliste ne le rend pas vraiment accrocheur aux premières écoutes. J’étais déçu que mon cadeau ne leur plaise pas vraiment, qu’ils appréciaient l’intention, mais sans plus ; je le leur ai donné sans formalités, au milieu des autres choses que j’apportais pour eux et qu’ils m’avaient demandées. Mais on l’a remis, et au fil des jours, c’est de loin le disque qu’on a le plus écouté ; au moins une fois par jour quand on pouvait. La marque des grands disques — des disques réussis au moins : la première fois, on trouve ça chiant, ensuite on entre dedans peu à peu, et on ne cesse d’y découvrir de nouvelles choses à admirer.

Le nom de Black Box Recorder ne laissera peut-être guère de trace, et pas sûr qu’il y ait un second album, mais c’est le retour à son meilleur niveau de quelqu’un qui avait déçu ces dernières années, après avoir été responsable d’un des meilleurs albums de la décennie, le premier de The Auteurs en 1993 (où il n’y a pas une seule chanson qui puisse être considérée comme moyenne) : Luke Haynes, homme de multiples projets, atrabilaire, grand mélodiste surtout. C’est d’ailleurs un des attraits du disque, des chansons réduites le plus souvent à leur plus simple (mais brillante) expression, des textes noirs et cyniques chantés par une fille à la voix tendre et sucrée.

[1] Joris m’a dit en venant me chercher à l’aéroport hier midi qu’il n’avait pas de nouvelles depuis qu’il est rentré il y a quinze jours de son camp en Auvergne ; qu’il n’avait même pas donné de suite au message qu’il a laissé sur son répondeur. Si c’est son désir…