Samedi 5 septembre 98

Ce soir, dormi au retour de mon travail en écoutant un disque de musique cubaine acheté à Montréal avant mon départ[1]. Puis resté à écouter sur France Inter l’insupportable Foulquier juste parce que c’était un Québécois qui parlait (de même que j’écoute avec attention les interventions du journaliste de Radio-Canada qu’Inter interroge sur les suites de la catastrophe aérienne). Nostalgie de cette langue qu’on n’entend pas ici, qui chante à mes oreilles maintenant. Le parler d’ici me semble bien plat à côté ; et, chose que je n’aurais pas imaginée au premier abord, c’est fou comme cet accent sonne charmant dans la bouche d’une fille.

J’avais rendez-vous au Saguaro avec Victoria. J’étais très content de la revoir, et ça sera bientôt plus difficile, puisqu’elle déménage à côté de Clisson pour aller vivre avec son copain (drôle d’idée que ce choix aussi loin de la ville). Parlé un peu d’elle, de Père, qu’elle hait, de ce pauvre Paul[2], mais sans avoir le temps de poursuivre : sont arrivés coup sur coup Olivier Le Lann – vieux pote de lycée et de pétards de Clément –, sa copine, leur copain scaphandrier ; puis Ferni, qui a eu une petite fille il y a deux jours. Parlé du mariage de Clément avec Olivier (que j’ai eu plus de plaisir à voir que d’autres fois : nos façons d’être ne sont pas vraiment compatibles) ; lui aussi le trouve beaucoup mieux dans sa peau maintenant.

Les travaux pour la troisième ligne de tramway ont commencé. En haut de la rue Cacault (qui a en fait cessé d’exister), ont été mis au jour de nouveaux vestiges des fortifications de la ville au Moyen Âge ; des petits murets de cailloux (de roches, on dirait au Québec), aussi un beau reste de tour ronde, partie de la porte du faubourg Saint-Nicolas, apprend-on. Tout ça n’était qu’à moins d’un mètre sous nos pieds.

[1] Les disques sont nettement moins chers qu’en France, aux alentours de 16 à 20$ (à quoi il faut rajouter la taxe de 15% — toujours un problème de devoir penser à ajouter le montant des taxes, pas compris dans les prix annoncé). Avec un dollar à 4F environ, c’est très avantageux. J’avais l’intention d’en rapporter plein, surtout des disques de post-rock anglais ; mais le jour venu, je n’ai pas trouvé grand-chose. Je me suis rabattu, outre celui-ci, sur un concert de Coltrane at the Village Vanguard, qui contient une version phénoménale de « My favorite thing », un album d’Astor Piazzola, un best-of des Byrds, et Low Life de New Order, un de ces classiques absolus pour moi que je n’avais toujours pas en CD. Maigre butin, quoique de bonne qualité.

[2] Qui n’a finalement pas été retenu à Dieppe pour filmer de l’emballage de poissons. Je n’ai pas caché que cette nouvelle m’a réjoui (Marie-Charlotte a réagi comme moi).