Avant-hier un avion de ligne suisse s’est abîmé en mer non loin de la ville de Halifax, en Nouvelle-Écosse. Ceci me fait songer à Eric, un des copains d’Hélène : celui que j’ai vu le plus souvent, et avec qui j’ai assez accroché (ça renforce encore la proximité que j’ai senti avec elle — par pas mal d’aspects, elle m’a fait penser à Stéphanie ; les gens qu’elle apprécie ressemblent à ceux que moi aussi j’apprécie. C’est encore plus vrai pour Clément). Avant le mariage, je n’ai passé que 24 heures à Montréal, mais c’était assez pour remarquer le nombre important d’Asiatiques que compte la ville — qu’on dit chinois, il y a même un quartier chinois, alors que l’ai l’impression qu’ils sont plus souvent cambodgiens ou vietnamiens — et en le rencontrant, j’ai pensé qu’il venait d’une famille asiatique. Pas du tout, c’est un enfant adopté. Son nom de famille est d’ailleurs Lachance : éric Lachance. Un de ces drôles de noms pour un Français très communs au Québec. Qui vient sans doute d’un surnom ; il a rarement été si bien porté. Son histoire est tout bonnement extraordinaire. C’est Clément qui me l’a ensuite racontée. Lorsqu’il est arrivé au Québec tout bébé, l’avion dans lequel il voyageait a eu un accident : il en a été un des seuls survivants. De quoi marquer, et avoir chevillé la précarité de l’existence. Je ne sais pas si c’est lié, mais c’est un noctambule chevronné (peut-être aussi parce qu’il est assez à l’aise financièrement : à cause des primes d’assurance qui lui ont été versées).
La première chose que j’ai remarqué chez lui, je dois avouer, c’est cependant sa copine : une poupée de porcelaine ravissante, court vêtue et répondant à l’étrange prénom de Geneviève[1], et avec qui je me serais assez bien vu. Nous nous sommes réciproquement assez plu. C’est d’abord avec elle que j’ai lié connaissance, une longue conversation le soir du mariage, qui aurait pu durer plus longtemps si je n’avais dû l’interrompre parce que je ne pouvais plus retenir mon envie de pisser.
[1] En ce qui concerne les prénoms, les modes québécoises diffèrent des françaises (au-delà du fait qu’il y a aussi des prénoms – surtout donnés autrefois – inconnus en France, comme Tancrède, Palmyre, Guérard ou Almanzor) ; ce qui ic semble ringard peut être là-bas très actuel. J’ai ainsi rencontré aussi une Josiane, un prénom tout à fait bien là-bas pour une fille de mon âge.