Dimanche 13 septembre

En sortant hier soir – il avait fait assez froid dans la journée pour que j’aie les mains glacées sur le clavier de l’ordinateur – j’ai senti les premières atteintes de l’automne, un avant-goût de l’hiver à venir, et je me suis senti heureux pour quelques secondes ; l’extérieur sentait déjà Noël, période qui a toujours sur moi (avant qu’elle arrive) l’attrait qu’elle avait quand j’étais gamin. Je suis passé chez Joris boire un verre, avec Loïc et Mathix ; il y avait aussi Stéphanie (Esnault), que j’ai trouvée jolie et en forme, quoique discrète. Au Saguaro ensuite, bondé comme en hiver, justement, beaucoup discuté, avec Loïc, et Philippe, son violoniste, de lutherie : un sujet qui les fascine, et qui moi m’attire, bien qu’il soit loin de moi. Aussi parlé, et ça m’ennuie de l’avouer, de Bill et Monica, actualité si ridicule que c’est s’abaisser que d’en parler, mais qui occupe tant la presse mondiale en ce moment qu’il est difficile d’y échapper — surtout parce que c’est un sujet scabreux[1]. C’est incroyable de voir comment les scandaleuses ripostes américaines aux attentats contre leurs ambassades en Afrique fin juillet, véritable lynchage (on tire d’abord, on parle après), ont suscité peu de commentaires à côté de cette affaire.

Lorsque, sur le tard, Marie-Charlotte est arrivée en compagnie d’Ermold, Sorin et Karine, je me suis isolé avec elle, et on a abondamment discuté de mon séjour chez Clément et Hélène. Mais pour finir, je suis rentré complètement frustré lorsque j’ai compris que Stéphanie allait dormir chez Joris, qu’ils étaient donc bien plus rabibochés que je ne l’aurais pensé, et surtout que c’est avec elle qu’il était allé passer quelques jours à Méliniac la semaine dernière (et pas avec Sylvette comme il l’avait prétendu). Ça m’a mis hors de moi de voir avec quelle gourmandise il jouissait de la révélation d’un secret qu’il espérait justement être divulgué, lorsque Stéphanie a innocemment évoqué ce petit séjour (où ils se sont baignés ; c’est à ce propos qu’elle l’a dit). Je ne sais pas quelle est la profondeur de cette relation retrouvée, mais il est vraiment très fort, ce petit salaud. Moi, ça m’a fait ressauter en pleine gueule mon état de loser, et mon esprit a été envahi d’images de violence crue tout le long de ce putain de chemin pour rentrer.

[1] Le rapport de ce malade mental de Kenneth Starr vient d’être rendu public, on connaît donc dans le détail les frasques sexuelles de Clinton avec sa stagiaire à la Maison Blanche. Ça fait pitié, même si au fond je m’en fous.