Lundi 14 septembre

Un des problèmes de vivre seul : on a tout le temps qu’on veut pour soi, que des contraintes d’ordre « extérieur ». Et on finit justement par mal utiliser ce temps. Aujourd’hui, comme hier soir je suis rentré hyper tard de chez Joris où on a regardé deux vieux Godzilla japonais et ultrakitsch à la télé, je ne me suis levé qu’à midi passé, et en plus, j’ai redormi deux heures après déjeuner. Résultat, il est cinq heures et demie, et j’envisage seulement de commencer la journée : autant dire qu’elle est, sinon foutue, sérieusement amputée. Dans la longue conversation que j’ai eue hier au téléphone avec Bérengère, elle a fait remarquer que j’avais l’air d’envisager les choses avec une plus grande détermination qu’avant, mais, si c’est vrai, il y a quand même un tas de moments qui continuent d’être dominés par l’échec. Heureusement, pour l’instant, ça ne me déprime pas trop (peu d’action chimique négative sur mon cerveau également, je n’ai pas beaucoup bu chez Joris) ; ça me fait juste chier d’être si peu capable de construire des choses intéressantes pour occuper mon existence.

Le temps de merde qu’il fait depuis mon retour de Montréal n’améliore rien. Là-bas, j’avais l’impression que ma reprise de contact avec le quotidien nantais serait difficile (tellement j’en avais peu envie), mais les choses ont suivi leur cours ; je me suis recoulé dans le moule sans même m’en apercevoir. La chape des nuages s’est refermée.

Avant de sortir, je me suis remis à la révision du truc que j’ai écrit sur le tournage du film de Joris ; mais détaché des circonstances, je n’en vois plus bien l’intérêt. Peut-être que ce n’est pas bon. En tout cas je n’y sens rien vibrer ; aucune nécessité. La seule qui justifiait de l’écrire, sur le moment, mis à part l’enthousiasme à participer, c’était me rapprocher d’Audrey. C’était chimérique (je ne l’ai pas revue depuis ces quatre jours), et toutes les allusions dans ce sens m’apparaissent stupides et assez minables.