Mardi 15 septembre 1998, Nantes

Sorti ce soir avec Joris au Saguaro, sur son invitation (plutôt que de répondre à celle de Sonia Perraud d’aller prendre un verre chez elle — mais c’est un sujet sur lequel il faudra que je revienne) ; une bonne soirée au café entre frères, ce qui ne nous arrive pas si souvent après tout, même si on se voit plusieurs fois par semaine. Il a bien réussi à ramener Stéphanie dans ses filets, et ça se passe pour le mieux, même s’ils ne le vivent encore qu’au jour le jour (c’est de toute façon très récent), et ne veulent surtout aucune publicité — je commence à être habitué, j’ai promis de tenir ma langue[1]. Ça m’ennuie pour les raisons que j’avançais dimanche, et parce que les rapports que j’ai avec lui sont bien meilleurs (et plus proches, évidemment) depuis qu’il se sont séparés. Mais il a l’air d’être heureux, et avoue ne pas l’avoir été autant depuis longtemps, même s’il s’était remis de leur séparation mieux que je ne l’aurais cru. Je n’ai donc rien à dire. D’autant que s’il a changé, elle semble l’avoir fait également ; elle serait beaucoup moins coincée, ses expériences lui auront fait du bien. Il l’a ainsi vue nue debout pour la première fois de sa vie (ça paraît bizarre, mais c’est ce qu’il m’a dit).

Il m’apprend par ailleurs qu’Audrey est partie habiter à Toulouse (anc. cap. du Languedoc, ch.-l. de la Région Midi-Pyrénées et du dép. de la Haute-Garonne, sur la Garonne, à 679 km au sud de Paris ; 354 289 h. h. (Toulousains) [environ 550 000 h. avec les banlieues]. Archevêché. Cour d’appel. Académie et université. Écoles aéronautiques. Centre commercial et industriel (constructions aéronautiques, chimie, etc.). Académie des Jeux Floraux. — Basilique romane St-Sernin, vaste église de pèlerinage consacrée en 1096 (sculptures, peintures murales) ; cathédrale gothique ; église des Jacobins (XIIIe-XIVe s.) ; hôtels de la Renaissance ; Capitole (XVIIIe s.) ; etc. Musées, dont celui des Augustins (sculpture languedocienne, peinture) et le musée Saint-Raymond (archéologie gauloise et romaine). — Capitale des Volques Tectosages, romaine à partir de 100/120 av. J.-C., Toulouse fut capitale du royaume wisigothique (Ve s.), puis du royaume franc d’Aquitaine et enfin du comté de Toulouse (IXe s.). Elle eut à souffrir lors de la croisade contre les Albigeois (XIIIe s.), et Simon de Montfort fut tué en faisant le siège de la ville (1218). L’ordre des Dominicains et une université (1229) y furent fondés pour combattre l’hérésie. Le puissant comté de Toulouse, dont le fondateur fut Raimond Ier (852-864) et qui atteignit aux confins de la Provence, fut incorporé au domaine royal en 1271.), et avec Sarah en plus. Voilà que mes deux derniers béguins se sont fait la malle. Je me retrouve sans objet à poursuivre. Notons que Toulouse aura joué un certain rôle dans ma vie jusqu’ici, alors que je n’y ai jamais mis les pieds.

[1] Je ne considère pas à avoir à la tenir ici (d’ailleurs il ne s’agit pas de ma langue) ; le dire est qui plus est un bon moyen de m’ôter l’envie de le faire ailleurs : puisque c’est déjà dit. C’est le problème du secret, on peut avoir la tentation de s’alléger en le partageant. Sauf qu’ici, c’est à moindres frais. La vérité, du moins ma version si tant est qu’elle est honnête, sera peut-être sue plus tard : mais un secret ne doit pas en rester un indéfiniment ; c’est périssable. Le passé pose déjà bien assez de questions ensuite pour qu’on n’ait pas à s’embarrasser de ça.