Revu sur Arte Comment je me suis disputé…, le film de Desplechin, que je continue d’admirer profondément. À nouveau, et malgré sa longueur et la télé, j’ai été captivé de bout en bout. Et je me suis bien marré. La réduction qu’on continue souvent d’en faire (même en reconnaissant l’ampleur du film) aux relations sentimentales compliquées de Paul Dedalus m’a paru encore très inadéquate. La dispute en question évoquant au moins autant celle que le héros a eu avec l’imbuvable Frédéric Rabier, sorte de figure diabolique et ridicule : au début, ces scènes universitaires paraissent incongrues au milieu du reste du récit ; elles lui assurent en fait une plus grande cohérence. Et la chute et l’ascension de Paul y sont intimement liées. Quelle connerie de n’avoir pu voir dans le film qu’une ratiocinante histoire d’étudiants attardés. Ce qui a trait à l’université n’est pas à prendre autrement que de façon d’abord métaphorique ; peut-être chrétienne — les références à la religion sont trop présentes. Comment faut-il les prendre, c’est ce que je ne sais pas trop ; c’est un film de toute façon trop complexe pour être réduit à une seule explication. C’est ce qui en fait la grandeur, et peut-être d’autant plus que le sujet choisi est modeste.
Desplechin filme par ailleurs très bien les gens, et surtout les femmes. Chacun des comédiens habite le film, ainsi que chaque plan où il apparaît ; ils ne font jamais tapisserie.