Sorti vers onze heures du soir poster des lettres. La nuit était très froide, après un jour clair ; ma veste de demie saison (qui commence à être sérieusement élimée au bas des manches par ailleurs) n’était pas suffisante, il va être temps de ressortir les manteaux. Pendant les (trop nombreuses) pauses que je m’accorde dans mon travail, je poursuis avec passion la lecture de Mihail Sebastian. Les réserves que j’exprimais hier n’ont plus lieu d’être où j’en suis, et ne l’ont peut-être même pas eu avant. C’est incroyable cette inclination que j’ai pour les « journaux intimes » ; une fois pris le livre, j’ai toutes les peines à en lever le nez, je lis avec fébrilité, à chaque nouvelle page tournée, ne pouvant me résoudre à y placer la marque. Et pourtant, l’action y est discontinue, fragmentée, souvent ténue. Mais je suis pris, pas moins que dans le meilleur des romans ; peut-être que de savoir que les personnages ont réellement existé leur donne à mes yeux une densité, une nécessité supérieures.
C’est contradictoire avec l’idée que je traîne depuis longtemps de faire passer ces notes pour une fiction.
