Hier soir, j’ai fait un petit apéritif chez moi, avec des trucs libanais à grignoter, que j’ai passé la fin de l’après-midi à préparer, les jambes flageolantes et la tête vide, parce que j’avais du mal à me remettre de la fête de la veille chez Matt. C’était une soirée molle, un peu médiocre, avec la petite Pauline qui dormait sur mon lit dans la pièce à côté. Heureusement terminée tôt, j’étais crevé, et les pétards m’ont achevé — je ne comprends pas bien le plaisir qu’on peut prendre à fumer, à moins de vouloir encore plus se couper du monde. C’est vraiment un truc d’autiste. J’avais organisé la soirée pour Bérengère, mais j’ai appris vers sept heures qu’elle était en fait restée au Mans ; Père non plus, qui était peut-être là, n’a pas montré son nez ; nous n’étions donc qu’Arnaud et Sophie, Adeline et Fred, Joris et moi : un drôle de mélange. Je crois que ces amis, je les conserverai jusqu’à ma mort ; mais ce n’est pas avec eux que je passe les meilleurs moments — ou bien il faut qu’il y ait plus de monde. De toute façon, je suis très insatisfait. On peut être content de ces plaisirs dilués quand on en a d’autres plus forts, on n’y prête alors plus trop attention. Or, à de rares exceptions près, mes plus grands plaisirs ces derniers temps, ce sont les livres et le cinéma (et encore ne les y trouve-t-on que bien rarement) : des moments brefs, et plus ou moins retranchés de la réalité. Guère de bonheur de projection non plus.
C’est pareil, il y a un certain temps déjà qu’on a promis à Greg d’aller le voir à Angoulême, et on a choisi le week-end du festival de la BD (le prochain), en espérant qu’il y ait plus de monde d’intéressé. Mais Père ne sera pas là, Paul, il ne faut pas compter dessus, il n’a pas encore remis les pieds à Nantes depuis début janvier, les autres c’est très compromis : bref, on se retrouve seulement Joris et moi comme au départ. Du coup, ça m’embête d’en parler à Ben, avec qui on avait vaguement envisagé la possibilité qu’il vienne, à Noël : il ne connaît aucun de nos copains, donc ça aurait pu aller en groupe parce qu’on aurait fait la fête, mais pas en configuration si réduite. Je préférerais tout annuler, mais vis-à-vis de Greg, ce ne serait pas correct. Je n’aurais jamais dû en parler si tôt, voilà tout.