26.I.99

Maintenant par ici c’est l’heure

de ranger les armes —

on dit même : de les rendre.

L’indépendantiste moderne,

d’Europe occidentale

remise, bref, toute sa panoplie,

il condamne

les attentats

encore commis ici ou là

par des irréductibles

qui usent des vieilles méthodes,

de l’arme

des dominés.

Tout ça vraiment ne fait plus très bon genre

(et ça tue moins, c’est déjà ça).

On lui préfère la cravate

et l’œil

avide

des caméras

à visage découvert.

Les terroristes bien sûr ont encore

de beaux jours devant eux :

un peu partout, pas si loin,

dans les terres pauvres et ombrageuses

(ils ont raison, parfois, il faut en convenir).

On s’y défend, attaque, s’entretue

portant très haut le drapeau

de fantaisistes et sanglantes

« armées de libération »

dépenaillées

et volontaires.

Volontaire,

l’indépendantiste nouveau genre

ne l’est pas moins

— il parvient même

à faire de nouveaux adeptes :

les nationalistes en Espagne

qui gouvernent

le pays basque depuis vingt ans

se lancent ainsi maintenant

sur les traces d’ETA, revendiquant à leur tour

une entière sécession :

objectif à atteindre, mais cette fois

politique.

Foin de tout nationalisme pur,

viscéral,

si jamais celui-ci

a existé un moment :

on a l’œil plus rivé sur

le porte-monnaie.

Ah, nul romantisme ! Las,

le discours parle toujours d’oppression

mais les vrais raisons se déguisent :

de la Flandre en Belgique

aux Padanies, sinistres elles aussi,

et jusques aux pays

de la Chine du sud, pourquoi pas,

les ruines des anciens

empires communistes dépéris,

on ne paiera plus pour les autres

— et payer, je dis bien en argent.

C’est la fronde des nantis (qui

parfois ne sont qu’un peu moins pauvres d’ailleurs),

on veut pour soi les richesses,

l’industrie, le commerce, le tourisme

— ce que résume aujourd’hui trop souvent

l’abscon terme de

développement.

C’en est fini du partage

avec les cousins dans la gêne : eh bien

qu’ils se débrouillent comme ils peuvent !

De territoire ou de peuples, au fond,

il n’en est plus question ;

une pauvre richesse tient lieu de tout bagage,

on en fera son bastion.

On tue moins de ses mains ;

je ne vois pas autrement

en quoi l’on en sort grandi,

de ces manipulations de valets

obséquieux de l’argent brandi,

signe de victoire révéré par des armées suffisantes

de nouveaux riches

sans

scrupules

et médiocres.