Maintenant par ici c’est l’heure
de ranger les armes —
on dit même : de les rendre.
L’indépendantiste moderne,
d’Europe occidentale
remise, bref, toute sa panoplie,
il condamne
les attentats
encore commis ici ou là
par des irréductibles
qui usent des vieilles méthodes,
de l’arme
des dominés.
Tout ça vraiment ne fait plus très bon genre
(et ça tue moins, c’est déjà ça).
On lui préfère la cravate
et l’œil
avide
des caméras
à visage découvert.
Les terroristes bien sûr ont encore
de beaux jours devant eux :
un peu partout, pas si loin,
dans les terres pauvres et ombrageuses
(ils ont raison, parfois, il faut en convenir).
On s’y défend, attaque, s’entretue
portant très haut le drapeau
de fantaisistes et sanglantes
« armées de libération »
dépenaillées
et volontaires.
Volontaire,
l’indépendantiste nouveau genre
ne l’est pas moins
— il parvient même
à faire de nouveaux adeptes :
les nationalistes en Espagne
qui gouvernent
le pays basque depuis vingt ans
se lancent ainsi maintenant
sur les traces d’ETA, revendiquant à leur tour
une entière sécession :
objectif à atteindre, mais cette fois
politique.
Foin de tout nationalisme pur,
viscéral,
si jamais celui-ci
a existé un moment :
on a l’œil plus rivé sur
le porte-monnaie.
Ah, nul romantisme ! Las,
le discours parle toujours d’oppression
mais les vrais raisons se déguisent :
de la Flandre en Belgique
aux Padanies, sinistres elles aussi,
et jusques aux pays
de la Chine du sud, pourquoi pas,
les ruines des anciens
empires communistes dépéris,
on ne paiera plus pour les autres
— et payer, je dis bien en argent.
C’est la fronde des nantis (qui
parfois ne sont qu’un peu moins pauvres d’ailleurs),
on veut pour soi les richesses,
l’industrie, le commerce, le tourisme
— ce que résume aujourd’hui trop souvent
l’abscon terme de
développement.
C’en est fini du partage
avec les cousins dans la gêne : eh bien
qu’ils se débrouillent comme ils peuvent !
De territoire ou de peuples, au fond,
il n’en est plus question ;
une pauvre richesse tient lieu de tout bagage,
on en fera son bastion.
On tue moins de ses mains ;
je ne vois pas autrement
en quoi l’on en sort grandi,
de ces manipulations de valets
obséquieux de l’argent brandi,
signe de victoire révéré par des armées suffisantes
de nouveaux riches
sans
scrupules
et médiocres.