Ce soir une entorse à mon programme de ces derniers jours (lever tôt, angoisse absolue, envie de tout arrêter — de ma thèse — travail, puis lettre à Clément et Hélène avant d’aller me coucher[1] ; ne voir personne) ; en même temps, j’ai presque écrit quatre pages, et ai pris quelques résolutions pour me sortir de la nasse. Donc, apéro chez Joris avec Sylvain, puis tequila au Saguaro ensemble. En rentrant, Sylvain me propose de passer chez Olivier Texier, le garçon avec qui il réalise la petite revue Le Transbordeur, que je connais un peu parce qu’il était à la fac avec Victoria, et croise à droite à gauche ; un excellent dessinateur. Il habite au début de la rue des Hauts Pavés, à cinq minutes à pied de chez moi. Chez lui, diverses personnes. Delphine, la souriante copine d’Olivier, un second Olivier, le copain de Broerec sympa qui est déjà presque chauve et maîtrise à fond le graphisme sur ordinateur ; une autre fille, qui était chez Sylvain le soir de la projection du film de Joris, vue souvent à des vernissages : maquillée, vêtue d’une manière à la fois excentrique et élégante, un brin hautaine ; cette fois elle portait un mauvais pantalon de lin beige, un pull de grosse laine rouge qui lui écrasait les seins — son lourd casque de cheveux bruns très ébouriffés. Évidemment beaucoup plus accessible que je ne l’avais pensé avec mes premières impressions ; elle est (physiquement) du genre qui me plaît, jolie sans être belle, amusante, le sourire en fossette et la voix dans les aigus (pour le reste, je ne suis pas fixé). Elle se prénomme Dorothée — prénom peu fréquent pour une fille de mon âge, et qui sonne bizarrement, puisque c’était celui adopté dans le temps par une présentatrice télévisée d’émissions pour enfants, très connue et nunuche. Bref, des « gens des Beaux-Arts ».
Comme j’ai bu un peu d’alcool, je n’arriverai sans doute pas à me lever tôt demain matin ; je n’irai probablement pas à Rennes non plus — je ne sais d’ailleurs toujours pas s’il y a une conférence de Gagnepain. Mieux vaudrait peut-être rester ici à travailler, puisque je ne le ferai pas le soir (concert de Mercury Rev), et que j’aimerais bien ne parler à Branger qu’une fois terminé les quelques pages sur lesquelles je suis pour le moment.
[1] J’ai reçu une (longue) lettre de Clément avant la fin de janvier, et je n’ai toujours pas répondu… Pour me faire pardonner, j’en raconte beaucoup : j’en ai déjà douze pages.