Vendredi 26 février

Mercury Rev : concert décevant. Ils n’ont pas du tout réussi à transmettre sur scène la délicatesse du dernier album, dont les chansons étaient noyées sous une instrumentation rock qui faisait contresens — et peut-être ne le désiraient-ils pas, tant ils prenaient un visible plaisir à jouer, presque à se défouler (il fallait voir, par exemple, le sourire de Jonathan Donahue, le chanteur). Mais pour le spectateur attentif, c’était un frein à entrer dans les morceaux, qui ne plaisaient plus que par réminiscence : fins à rallonge et terriblement lourdes, avec roulements de batterie de rigueur, solos de guitare mal venus, etc. Qu’ils fassent ce genre de musique est d’ailleurs plutôt inattendu lorsqu’on les voit : de bons ploucs américains, avec le portefeuille dans la poche arrière du jean, retenu au passant de ceinture par une chaînette brillante ; de même qu’il est improbable qu’ils aient pu jouer le psychédélisme torturé et bruitiste de leurs premiers albums, qui faisaient à l’époque plutôt figure de repoussoir qu’autre chose passé les deux premiers morceaux. C’est néanmoins dans quelques passages mixant allègrement leurs nouvelles tentations mélodiques et les avalanches de larsens qu’ils ont été les meilleurs — scéniquement, les dernières chansons auraient bien mieux brillé dans de tels atours langoureux et grinçants. Un petit côté émouvant aussi, à voir dans le public nombre de messieurs la quarantaine bien passée, qu’on ne croise jamais à l’Olympic ; ils tapaient du pied furieusement, dodelinaient du chef : pour certainement leur premier concert depuis quinze ou vingt ans, qui leur rappelait peut-être les Pink Floyd de leur jeunesse.