Lundi 22 mars 1999, Nantes

Une journée particulièrement chiante et fatigante, avec des « collègues de travail » pour qui je n’ai qu’indifférence au mieux, vous le savez — Sonia n’était pas là, elle a su user des jours octroyés pour préparer le CAPES (qu’elle n’a nullement l’intention de passer vraiment : j’aurais dû être plus malin, et m’inscrire moi aussi ; ça aurait toujours été ça de gagné)[1]. Je suis crevé de mon weekend, du repas chez les parents dimanche midi, que je prends toujours trop copieux, du vernissage ensuite en début de soirée, dans un appartement bondé et enfumé (par des gens que dont je ne connaissais que bien peu, quoique j’en ai souvent croisé un certain nombre de-ci, de-là ; le milieu beauzardeux est à la fois dégoûtant et très attirant, comme le faisait justement remarquer Broerec — mais il est de toute façon difficile d’y pénétrer. Je rêve chaque fois de lier conversation avec de nouvelles personnes, de rencontrer surtout des filles, évidemment, mais ce n’est à peu près jamais le cas). Aussi de ma trop courte nuit après le repas chez D. samedi soir — contre mon attente agréable, et qui a duré tard : un excellent repas chinois[2]. Si je ne les vois pas trop souvent, ma joie est peut-être plus détendue avec mes vieux amis, finalement. Je suis moins orienté vers l’extérieur aussi, avec tout ce que j’ai à faire.

         Après le vernissage, Maniac Chepe nous a invité à venir regarder chez lui la cassette du Jour de la bête, film espagnol assez rigolo sur un curé qui doit tuer l’Antéchrist avant qu’il n’ait le temps de détruire le monde, un 25 décembre à Madrid ; assez mal réalisé, mais plein d’un mauvais esprit idéal pour un dimanche soir.

[1] Je l’ai eue au téléphone il y a quelques minutes, et ai ressenti de la jalousie lorsqu’elle m’a déclaré qu’elle sortait ce soir (de la jalousie envers la personne avec qui elle allait sortir, évidemment — alors que je ne cesse de la repousser. La jalousie est le fond de mon malheureux caractère). Mais je ne vais pas tarder à aller me coucher, quoi qu’il ne soit pas encore dix heures.

[2] D. n’est pas dans une très bonne passe en ce moment avec Grande-Bouche ; elle passe tout son temps à son travail, et envisage même de prendre seule un logement qui l’en rapproche : enfin dit-elle. Ce n’est de toute façon pas une fille bien intéressante, je crois ; très ambitieuse, et d’une banalité frisant l’intolérable. Elle n’a jamais dû beaucoup nous apprécier d’ailleurs.