Lundi 12 avril 99, Nantes

Petit relevé de répondeur avant de partir à Méliniac (des vieux trucs : il faut bien le vider de temps en temps, sinon la mémoire n’a plus de place pour enregistrer les nouveaux messages, et il se déconnecte : pourtant, j’ai souvent envie de les conserver. Je n’avais pas encore pensé à les transcrire ici, mais pourquoi pas une petite intrusion d’interventions directes des personnages de ce récit ? Moi qui ne suis pas bon dans le discours direct, en voilà à peu de frais. Et puis ils sont une autre trace de mon existence, une caractérisation des personnes que j’aime qui vaut bien les photos — dommage que les voix, justement, disparaissent. J’espère qu’on leur imaginera un ton néanmoins, qui dépasse celui, souvent trop neutre, qu’on adopte à la lecture. Eh, ce sont des vrais gens ! Pas juste des êtres de papier[1]) :

Ermold le Noir : « Ah, François Balogh, c’est pas aujourd’hui encore que sa thèse va avancer !… Heeeeuuuu… qu’est-ce que je voulais te raconter ? C’est Ermold, là. Heu, oui, c’était pour te proposer d’aller prendre un verre. Heu, j’avais un truc intéressant à te dire, pour ta future carrière universitaire. Ciao. »

Yoda : « Oui, salut, c’est P. C’est pour François. J’ai une proposition de cours à vous faire… si c’est possible. Alors là on est lundi, il est midi. Rappelez-moi ce soir, chez moi. Dans la journée je pense pas que je serai disponible, je commence mes cours, etc. Mais rappelez-moi, et je vous expliquerai un peu le truc. Salut ! »

Broerec : « Allô France, c’est Broerec. Ouais, on est mardi, après-midi. Eh ben écoute, je te propose un truc pour ce soir. Tu euh… c’est un peu une grosse connerie mais… c’est que PIL’ nous invite, enfin m’invite, à l’avant-première d’Astérix… je peux venir accompagné. C’est Pathé Atlantis…  mais y aura un petit pot, un petit apéro…  enfin, c’est à 19:30, déjà…  et puis…  de 19:30 à 20:30 il y aura un petit apéro, un petit pot, et tout ça, pour boire, machin, et après, le film. Donc si ça te dit de voir Astérix gratos en ma compagnie, et ben écoute, tu me rappelles. Euh, je sais pas si tu as mon numéro de portable, donc je vais te le donner. Alors, le portable, c’est (numéro de portable)… Sinon, tu rappelles à l’appart. Voilà, France, à plus ! »

Audrey : « Bonjour François, c’est Audrey à l’appareil. Je venais prendre des nouvelles… euh… de cette histoire de… nouvelle, là. Et puis, ben, par ailleurs, j’espère que tu vas bien. Voilà ! Au revoir. »

Chepe : « Mister Balogh ! Je voudrais tout simplement vô pârler pour voar ce que vous devenez (avec un accent anglais sur un léger accent espagnol) et voilà, je crois que tu m’as reconnu malgré mon accent…  mon accent rosbeefard et, je sais pas, on est mercredi à 19h11 tout juste et je voulais savoir si tu faisais quelque chose ce soir et si tu serais disposé à aller…  à aller siroter quelques petites mousses quelque part ou même se faire une séance de cinéma, hein ? Et je sais pas…  rappelle-moi si tu veux, je serai chez moi, et voilà, c’est tout. Allez, ciao salut. »

Chepe: « Oui, France, sa-lut (voix traînante), c’est Chepe. Ben, je viens de rentrer, je viens d’avoir ton message par conséquent, mais il est un peu tard, il est vingt-deux heures huit, tu te rends compte, je viens d’arriver tout juste et donc je suis plutôt épuisé, il faut que je mange un peu parce que autrement je vais m’écrouler, là. Donc, c’était plutôt intense comme journée, ma foi, oui et pour l’instant je refuse votre invitation au Saguaro à dix heures et quart, d’un côté parce que je n’aurai pas le temps d’arriver à l’heure, et puis parce que je pense que je vais rester ici me reposer un peu. Mais, toutefois, je suis à 100% partant pour le cinéma demain après-midi à seize heures pour aller voir Tráfico… Tráfico… : va savoir comment ça se prononce, parce que ces Portos, là, quand même… ça fait peur, hein, là, tout de même. Bon, si il y a pas d’empêchement, je te propose de se rencontrer quelques cinq minutes avant la séance devant le cinéma, et même si tu veux passer prendre un café, tu seras toujours le bienvenu, hein. Je te dis à demain, euh, je m’excuse pour ce soir… mais ce sera pour une autre fois. Allez, fais de beaux rêves, parce que je suppose que tu vas entendre ce message en arrivant te coucher et ciao ciao salut à demain. »

Mathieu :    « Allô, France, j’ai eu ton message, bonjour. Je trouve que c’est une bonne idée d’aller à ce vernissage au FRAC, mais c’est quoi le FRAC, c’est où le FRAC, je sais pas où c’est, et il est six heures et demie… euh sept heures moins le quart, c’est l’heure d’y aller… selon ton message. Alors comment je fais ?… Ralala… bon ben, ça… ça m’évoque rien, je sais pas ce que c’est comme endroit, et puis bon, je suppose que si c’est le genre d’endroit… euh, est-ce que ce sont des initiales ou est-ce que c’est le vrai nom ? il faut que je cherche sur minitel ? je sais pas. Bon, je vais demander à ton frère ou à Mathieux, peut-être qu’ils m’en diront… qu’ils pourront me dire à quel endroit c’est, on va bien voir, hein ! Sinon, ben tant pis, à une prochaine fois. Salut ! »

Clément : « Euh, salut, France ! Eh ben décidément nous vivons dans un monde moderne, et donc, on se parle : par répondeur. É bé euh salut… et puis ben euh, je reste chez moi jusqu’à genre… quelque chose comme (long silence) 18 heures pour ici. Donc, ça fait minuit pour toi ; donc si tu rentres avant ce temps-là, tu peux me filer un coup de fil… je te rappellerai… jeudi je pourrai pas, mais vendredi. Voilà ! Bye ! Ben, c’était simplement pour dire bonjour. Bye ! »

Maman : « Bonjour François. J’ai oublié que tu travaillais ce matin, et je voulais servir de réveille-matin, et t’annoncer que la fac de lettres est assiégée par les étudiants en arts du spectacle. Tout est fermé et… bon : apparemment, la journée va être dure… Bon. Bonne journée à toi ! À tout à l’heure. N’oublie pas de me téléphoner, euh… si tu viens me chercher ; mais à ce moment, tu m’attendras dans la voiture. »

Broerec : « Allô, France, c’est Broerec, euh… bah… écoute… t’es… déjà parti… on est jeudi soir, il est… bientôt dix-neuf heures. Je me souviens plus si t’avais des trucs de prévus cette semaine ou pas… euh, ben écoute, si t’es par là ce soir, moi, je veux bien aller boire une petite bière, donc euh… donc ben rappelle-moi si des fois t’avais envie de sortir, parce que moi, je serai pas là demain soir… et pas là ce week-end. Voilà. Ben à plus, France, ciao. »

Bérengère : « Salut France, c’était Bérengère. C’était pour te dire que, ben, je suis arrivée à Nantes dans la journée, et que je suis là pour la semaine. Donc euh, pour prendre des nouvelles, savoir si éventuellement on pouvait se croiser un petit peu ces jours-ci, et puis savoir un petit peu où en était le projet au sujet de Méliniac pour le weekend prochain. Voilà. J’espère que tout va bien, je t’embrasse, à plus tard. »

Fred : « Salut France, c’est Fred. Ben je t’appelle pour confirmer qu’effectivement on viendra bien… à Malen… euh Méliniac, sur les coups de… sur les coups de samedi, on sait pas trop encore, mais… probablement samedi midi… Voilà voilà. À bientôt, salut ! »

[1] Enfin ils sont entre les deux ; ou les deux à la fois.