Aujourd’hui, anniversaire de Papa. Il a cinquante-cinq ans.
Hier, les Israéliens ont élu Ehud Barak comme Premier ministre ; c’est le chef du Parti travailliste, le successeur d’Itzhak Rabin et Peres, donc (et ancien militaire comme Rabin). Je ne sais pas s’il sera bien, mais l’essentiel est qu’ait été viré ce salaud droitiste de Netanyahou, qui n’a fait que pourrir la situation le temps qu’il a été au pouvoir.
Ermold est vraiment fou. Lorsque je suis rentré hier en fin d’après-midi, il m’avait laissé trois messages, dont deux qui ne consistaient qu’en une longue séquence de techno minimaliste qu’il venait de réaliser avec un logiciel qu’il a récupéré. Malgré le froid et la pluie battante, je suis allé le rejoindre chez lui (où je n’irai que rarement, parce que c’est loin d’où je suis, et que de toute façon, il y invite rarement des gens : c’est un homme de café). Une fois ressorti, je me suis retrouvé avec un modem bradé sur les bras, et le chat à garder la semaine prochaine lorsqu’il sera en Roumanie… On ne peut pas dire que je me suis fait forcer la main, puisque pour le modem, par exemple, il y a un moment que j’avais dit que je le lui achèterais, mais enfin, ce n’était pas non plus dans mes projets immédiats (je dépense beaucoup trop d’argent par rapport à mes revenus).
Je lui avais dit « Juste deux bières au Flesselles », mais il a finalement réussi à me traîner après la fermeture au 13&3 jusqu’à presque une heure (s’extasiant sur le nombre de gens qui sont de sortie alors qu’on n’était que lundi : « C’est dingue, maintenant, les gens sortent toute la semaine ! ») ; j’ai donc vite décidé qu’aujourd’hui je serais malade, et que je n’irais pas travailler. Mon sérieux n’aura, de ce point de vue, vraiment pas été à la hauteur cette année ; preuve du déplaisir profond que j’ai à faire mon « travail ». J’exagère tout de même. Après dix-sept heures, j’ai vainement espéré voir s’arrêter devant l’immeuble la petite voiture bleue de Sonia, je suis resté dix minutes l’œil à la fenêtre, le cœur oppressé dans la poitrine.
À nouveau quelques bonnes histoires, dont la dernière mésaventure du peintre atrabilaire Benoît Rondot, que nous avons déjà rencontré ensemble plusieurs fois (et c’était en général épique) ces derniers mois, et qui la semaine passée s’est fait poignarder rue de l’Arche-Sèche parce qu’il refusait de donner son argent à quatre heures du matin ; il paraît qu’il a même fini par poursuivre ses deux assaillants, avant de se rendre à pied seul aux urgences, pissant le sang, pour se faire recoudre une bonne partie du corps. Un autre en serait quitte pour un bon séjour en maison de repos, mais lui était là hier au Flesselles, cette fois sapé comme un député RPR, et l’air toujours aussi mauvais. Il y avait également l’ancienne copine d’Ermold, que je n’avais pas vue depuis plus d’un an ; de manière inattendue, elle nous a serré la main, et il s’est ensuite, par-delà les tables, instauré entre elle et lui un jeu de regards de chat et de souris qui a bien sûr largement alimenté la conversation, avant de la mener sur le terrain du sexe — où nous en lâchons l’un et l’autre un peu trop.
Jenny est prise comme lectrice à la fac de Nantes l’an prochain. Toute excitée, elle a décroché le téléphone exprès pour me l’annoncer dans l’après-midi.