Vendredi 2 juillet 1999, Nantes

Aujourd’hui, il fait très chaud. La semaine dernière, tante Odette a fait une attaque, et en est restée hémiplégique ; les parents ne l’ont su qu’avec retard, à cause du répondeur de la maison, qui déconne. Comme l’a dit Papa, elle n’aura qu’encore moins de désir de s’attacher à la vie maintenant. Ce midi, j’ai reçu par la poste une lettre volumineuse de Chepe : de ses poèmes, qu’il a traduits pour moi en français — j’en suis très flatté. J’espère pouvoir le voir un ou deux fois encore avant qu’il parte ; mais comme il est imprévisible, rien n’est moins sûr. Nous avions convenu de nous échanger nos textes, et pour compléter ce que je lui avais passé la semaine dernière (que samedi, il avait déjà lu et annoté), j’ai imprimé tout à l’heure un exemplaire de mon petit truc autour de la mort de Jünger ; j’en ai relu quelques lignes. Puis, lorsque je suis allé répondre au téléphone dans ma chambre, une libellule était là, qui voletait dans la pièce en tous sens. J’ai forcément fait un lien avec l’insecte du texte. Tante Odette, qui aurait tant voulu ne jamais quitter cet appartement que j’habite depuis trois ans, sera peut-être morte à mon retour du weekend en Bretagne (mais elle serait morte déjà depuis longtemps si elle ne l’avait pas quitté).

Et à propos d’appartement, puisqu’il faudra que j’en cherche un dans ce cas, Joris et moi avons évoqué le sujet hier soir chez Sylvain. Pourquoi ne pas prendre tous les deux un grand truc en colocation ? — comme l’immense appartement d’Ermold. Je n’y avais jusqu’ici jamais songé, mais ça pourrait être pas mal.