Confirmation de ce que j’avais supposé : c’est bien la « organic girl », la starlette des comptoirs, qui intervient sur le formidable morceau de Katerine « Je vous emmerde », sorti en avant-première de l’album à venir : sur un fond de disco jazz lo-fi ringard à souhait mais hyper dansant, le dialogue entre le loser pochtron et la pétasse qu’il vient importuner dans une fête (sorte d’écho aux « Retrouvailles » sur le dernier album de Dominique A), rôle rêvé pour cette pratiquante obstinée du Flesselles et des vernissages — c’est avec elle que j’avais eu une prise de bec au vernissage d’Art Home, parce que je lui avais subtilisé une bouteille qu’elle avait dissimulé dans un coin pour les heures maigres. « Une ravissante idiote », selon Adalard : je n’irai pas pour ma part jusqu’à lui accorder pas cette qualité[1].

Retour insatisfait d’une soirée chiante pour le reste : Ferni nous a invité au restaurant pour fêter son poste. On a ainsi pu découvrir, en même temps, le successeur de Yoda à la fac : j’en avais entendu beaucoup de bien de la bouche d’Ermold, qui ne l’avait cependant pas encore vu. Eh bien, c’est une dégaine de médecin la quarantaine approchant, pontifiant comme pas deux, accumulant les références érudites au moindre propos. Évidemment, Ermold a changé son jugement du tout au tout après cette première prise de contact. Difficile de sonder le personnage sur une seule rencontre, mais ça porte à croire qu’à part son habileté à se placer (développée au fil des échecs), il n’a pas grand-chose pour intéresser. Il serait plutôt à craindre, selon l’analyse paranoïaque d’Ermold. En fait, même Ferni avait l’air de s’ennuyer. Moi, comme d’habitude, j’ai été faux ; mais je me demandais ce que je foutais là.

[1] À ce propos hier soir je me suis fait très mal recevoir par sa consœur Grete, la copine jalouse du sieur Jolicœur, en insinuant qu’il pourrait être leur manager. Elle l’a pris de très haut, déjà vulgairement star, « Non mais ça va pas, qu’est-ce que tu crois, il a rien à voir là-dedans ! » (du style « de quoi je me mêle »). Il suffit d’avoir « écrit » deux malheureuses chansons disco d’une bêtise à pleurer pour s’y croire. Elle était parfaite.