Rentré de Saint-Nazaire, Joris est venu me poser quelques questions pour le dossier qu’il prépare pour l’admission à la FEMIS, et Jenny a réussi à avoir le type, dans l’Indiana, qui fabrique des appareils photo Kirlian ; j’en ai commandé un, ça va nous revenir à peu près pour mille balles. Le problème est que je m’en suis maintenant tout à fait désintéressé — ma faiblesse trouve disproportionnés les efforts à faire pour le plaisir attendu, et j’ai trop l’impression d’être le petit second d’Ermold, en particulier en ce qui concerne le plus intéressant, comme la vidéo à monter pour la performance.
Ensuite au cinéma avec Florence, qui me l’avait proposé hier : voir Man on the Moon de Milos Forman, film américain de studio, mais intéressant et souvent drôle — mieux valait, c’est la vie d’un comique américain de la fin des années 70[1], Andy Kaufman (un biopic comme ça se dit dans le milieu). Le rôle est tenu par Jim Carrey, qui est bon, et il y a Danny de Vito en imprésario. Disons que c’est fait très intelligemment (il y a tout un jeu de mise en perspective du jeu, du chiqué, et de la réalité, qui fait qu’on finit par s’y perdre ; et des moments très jouissifs, notamment avec un personnage de chanteur style Las Vegas minable et très désagréable que joue Kaufman — bref, le film inclut du jeu dans le jeu, et c’est efficace sans être jamais lourd). Mais ce n’est pas ce genre de film qui m’apporte le plus. Et je serais allé voir un peu n’importe quoi avec Florence. Nous nous sommes quittés en bas de chez elle après quelques minutes sans qu’elle m’invite à monter — autre temps, autres mœurs. Je l’ai à nouveau trouvée bien désirable ; et c’est un problème, j’ai l’impression d’être finalement plus attiré par les filles avec qui je ne suis plus (elle m’attire maintenant beaucoup plus qu’avant que nous soyons ensemble). Une autre manière de refuser le réel, sans doute. D’où souffrance en rentrant. Seul chez moi, ce n’est jamais bon. Et je crains qu’elle ne me mène par le bout du nez — mais sans que je parvienne à bien saisir son but. Par exemple, elle m’a proposé, demain, d’aller dîner dans une crêperie avec elle, Anna et une de ses petites copines… chose qu’elle ne m’a jamais proposé lorsqu’on était ensemble : pourquoi ? Et quel rôle devrais-je tenir dans cette petite mascarade ? Celui de l’accompagnateur ? du faux père, avec qui on ne baise même pas ?
[1] Période très à la mode dans le cinéma américain (après l’avoir été dans le rock il y a quelques temps ; ça s’est estompé au profit du post-punk et, maintenant, carrément des années 80, tant décriées pourtant par la suite).