Hier soir invité à prendre l’apéritif chez Aurore et Thierry, rencontrés la veille à LU. Bon dîner. Début de soirée plutôt agréable (quand je pense à la douleur que m’aurait causé autrefois de passer ainsi un moment seul avec des gens que je ne connais pour ainsi dire pas…). Puis avec Mathieux à la terrasse du 13&3 — le temps était chaud et splendide. Ermold et moi avons commencé par l’effrayer un peu avec nos discours nihilistes (il est toujours intéressant d’observer la réaction des gens lorsqu’on argumente que Carrier ou Pol Pot étaient des grands hommes ; c’est drôle au moins, sans approfondir ici le raisonnement forcément un peu vicieux et pas vraiment assumé, de ma part en tout cas, qu’on peut tenir sur la question). Je viens d’ailleurs de lire que Saint-Just déclarait mépriser « cette poussière qui me compose et qui vous parle ».
Vu O Brother (Where Are Thou) des frères Coen avec Ermold. Je me suis retrouvé assis juste à côté de Cédric Maindron ; mais il ne nous a pas suivi au café ensuite, il n’aime pas Ermold – comme pas mal de monde. Voilà longtemps que je n’avais vu une nouveauté au cinéma. Une fable qui mêle l’Odyssée et les racines rurales de la musique américaine — la musique y joue un rôle essentiel, le principal, serait-on tenté de dire (un des personnages est un décalque de Robert Johnson – avec, fatalement, la scène du crossroad). Bon film, mais trop systématique dans l’outrance de sa comédie, qui vire au cliché et s’en caricature. George Clooney serait le nouveau Errol Flynn ou le nouveau Clark Gable : il les imite beaucoup. Le reste du film est à l’avenant, il en fait un peu trop, à force de ne jamais s’arrêter. Mais c’est très agréable à voir, et certaines scènes sont euphorisantes (celle de la fin, qui montre la puissance de la musique sur les gens). Je n’en demandais pas plus. Séance suivie d’une conversation déprimante avec Ermold — le nihilisme n’est pas toujours drôle ; et je n’aime pas lorsque le sien déteint sur moi. À nouveau il a soutenu que je n’aurais jamais fini ma thèse avant septembre dans un an. Il faut que je le fasse se tromper.
Le Katorza fait maintenant un tarif unique à 29 F — moins cher que le tarif étudiant/chômeur auparavant. C’est pour lutter contre les cartes mensuelles à moins de 100 F (pour un nombre illimité de séances) mises en place par les grands multiplexes, UGC, Pathé, et je crois, Gaumont — ceci sans parler du cinéma à 10 F. C’est risqué ; Ermold pense qu’il ne tiendra jamais, que ça n’amènera pas une nouvelle fréquentation suffisante. En tout cas, Nantes est le lieu de cette guerre des tarifs de cinéma qui sévit en France. Et c’est vrai qu’à terme, les petits cinémas paraissent menacés.