Vendredi 4 avril

Ce soir, à nouveau sorti avec Broerec, au Saguaro, vers minuit, mais comme on n’a rencontré personne, c’est resté calme (à moi seul, je suis incapable de susciter une ambiance de franche rigolade il faut dire). J’espérais voir ***, par exemple avec Audrey, en compagnie de qui elle sort souvent, mais ça ne s’est pas produit. Ça commence à faire longtemps que je ne l’ai pas vue, quelque chose comme trois semaines. Et comme je n’ai plus d’infos, je ne sais pas du tout s’il lui arrive de songer encore à moi, ni comment. Ça va achever de dissoudre les dernières traces de nos baisers passagers… Mais Bambi, avec qui j’ai longuement parlé au téléphone un soir de cette mauvaise semaine (la première fois depuis l’abandon de ma chasse sans espoir en décembre : j’étais trop déprimé, il fallait que je parle à quelqu’un), m’a affirmé à son tour que ne plus faire attention à une fille était souvent le meilleur moyen de provoquer un rapprochement de sa part, cette subite indifférence étant blessante — soit dit en passant, c’était innocemment me livrer une des clefs de ce que j’aurais dû faire avec elle (nous étions cela dit trop différent pour que ça marche, même si je m’étais grave entiché d’elle).

Une fois chez moi, à nouveau triste, je n’ai plus eu envie de sortir ; mais j’avais donné rendez-vous, et je ne voulais pas que se reproduise la même chose que vendredi dernier, où j’ai en fait raté de peu pas mal de copains. Ermold me l’a encore battu froid. Il ne s’agit pas de choses très nettes, mais il y a un courant qui ne passe plus. Il est toujours possible que je fabule ; mais ça pourrit façon mon rapport avec lui. Sortant de la fac, Broerec, Marie-Charlotte et moi sommes allés boire un verre au Bon Pasteur, un café juste au haut des Marches du Bon Pasteur, comme son nom l’indique, qui a la particularité d’avoir une terrasse sur l’arrière, idéale pour amener une fille, parce que c’est « en dehors de nos circuits habituels » : une idée d’Ermold, une nouvelle fois. Mais quand il nous a rejoint et a refusé de traîner plus tard, j’ai senti qu’il n’était pas de la meilleure humeur, et j’ai supposé que c’était à cause de moi. Lui qui n’est jamais avare de ses aventures, il ne m’a d’ailleurs pas touché un mot de toute la semaine de son altercation avec Psycho-Marxiste vendredi dernier au Saguaro, dont il est ressorti pissant le sang par le nez. Je le sais par Marie-Charlotte, et c’est bien entendu un secret.