17 avril

Il y a deux nuits, la copine de Père (elle m’en a parlé hier soir au cinéma) a rêvé qu’on me noyait dans une cuve remplie d’eau. C’était si effrayant qu’elle s’est réveillée en sursaut, comme à la sortie d’un cauchemar. On serait quelques siècles plus tôt, je devrais craindre pour mes jours.

 

Voilà bien la différence. J’étais dans ma cuisine à manger quand j’ai entendu à la radio qu’à Nantes des manifestants avaient déversé du lisier devant la future permanence de Samuel Maréchal, le nouveau leader du FN, qui est d’ici ; j’ai sauté sur mon téléphone pour appeler Ermold et Adalard, mais aucun des deux n’était là. Ça ne veut pas forcément dire qu’ils y étaient, mais je serais bien étonné qu’ils n’aient pas été au courant. Moi, du haut de ma (modeste) tour dominant une partie déjà un peu excentrée de la ville, je ne savais rien. Je ne suis jamais là où il faudrait pour s’amuser, se donner au moins l’impression de participer autrement qu’à son insu au tissu du monde. Je devais écouter Madredeus en fumant debout devant la fenêtre les yeux vagues, ou bien je mettais à germer des pépins de pamplemousse et de kumquat entre deux rondelles de Demak’up humidifiées. Seul.