Cet après-midi j’ai acheté des tennis.
Ensuite je suis allé glandouiller à la fac. Mais l’ambiance entre les étudiants était mauvaise et je me suis senti comme un chien dans un jeu de quilles, vu je n’ai strictement rien à faire là-bas. J’ai dix fois hésité à me casser, mais comme j’attendais plus ou moins Ermold, comme un con encore une fois demandeur, je suis resté (depuis la semaine dernière, on est plutôt réparés). J’y ai au moins gagné deux invitations pour aller voir des films projetés dans le cadre de l’expo Sarkis aux Beaux-Arts — quoique maintenant que j’écris ça ne m’intéresse plus ; je voudrais tellement disparaître, ne plus rien avoir à faire avec tout ça, avec tous ces gens, avec tout ce cirque absurde… Ermold une fois apparu m’a traîné boire un verre, et de fil en aiguille ça a duré toute la soirée. Au début ça allait, mais ensuite, est-ce Marie-Charlotte qui m’a refilé sa mauvaise humeur ? (on ne devrait jamais chercher à être gentil avec les gens, on devrait ne jamais s’occuper d’eux — pas de raison que leurs affaires déteignent sur nous) je n’arrivais plus à me sentir à ma place. Outre les deux sus-cités, il y avait son vieux copain Radulphe, Radulphe l’impénétrable, Adalard, toute la clique. J’étais complètement à côté. Et il a suffi de quelques bribes au sujet de *** pour achever de me miner. Elle a même fini par se pointer, et ça a été le prétexte pour partir enfin, ce que je voulais le faire depuis au moins une heure. Et pas une seule fois je ne l’ai regardée. Dehors Broerec m’a fait la remarque que son arrivée avait suffi à me faire quitter le bar ; pourquoi alors ai-je répondu non ? Comme je voudrais ne plus exister, n’avoir plus rien à assumer ! Me dissoudre. N’avoir même jamais existé… Où fuir ?