C’était mon dernier jour de cours ; pas mécontent que ce soit fini, même si ça clôt aussi mes chances de faire un peu mieux connaissance avec une ou deux étudiantes qui n’ont cessé d’aimanter mes regards lorsqu’elles étaient face à moi (je ne sais pas où j’aurais trouvé l’occasion ou le courage, cela dit) ; et puis ce ne sera vraiment terminé que lorsque j’aurai rendu les cent vingt copies qui m’attendent depuis samedi dernier.
Je suis resté dans la salle vidéo tenir compagnie à Marie-Charlotte, qui copiait des films pour l’exposition qu’elle organise ; j’apprécie qu’elle ait avec moi une grande liberté de parole — même si, comme toujours, j’ai l’impression que c’est plus dévalorisant qu’autre chose (l’amitié que j’ai pour elle parvient là heureusement à la balayer).
Avec Georges vu Le retour du Jedi, qui ressortait en copies neuves. J’ai trouvé ce film parfaitement nul. Autant, l’épisode précédent de la série ne m’avait pas déplu dans l’ensemble, autant là je n’ai fait que ruer dans les brancards pendant presque toute la durée de la projection. Je veux bien que pour apprécier certains films, il faille mettre de côté un jugement critique trop acéré qui ne leur convient pas, pour les voir comme simple divertissement (peut-être qu’un film de Desplechin et Le Cinquième élément de Besson — dont on parle beaucoup à cause de ses records fracassants d’affluence[1] — malgré leur identité technique, ne sont pas à considérer avec les mêmes outils, même s’il est stupide de penser qu’un film « intelligent » ne puisse être aussi un divertissement pour ceux qui l’apprécient[2]), mais il y a quand même des limites. Les scènes d’amour sont du patronage de fin fond de province, toutes les situations sont horriblement téléphonées, les séquences avec les gentils nounours-primitifs-mais-bons-quand-même nous prennent pour des gamins de quatre ans, et on nous refile à la louche une pseudo-philosophie à deux francs (par ailleurs parfaitement hypocrite par rapport au contexte reaganien de production des films — mais c’est autre chose). C’est vraiment nous prendre pour des débiles[3].
[1] 800 000 spectateurs en deux jours.
[2] Le divertissement produit par le second est peut-être plus à entendre au sens de « détourner l’attention » ; le premier, au contraire, la concentre. Mais ces deux catégories, trop évidemment positives, ne sont pas imperméables l’une à l’autre.
[3] Il y aurait par ailleurs beaucoup à dire sur ces films de science-fiction qui n’envisagent quasi que la forme du space opera qui en met plein la vue, quand ce genre est depuis longtemps obsolète en littérature (je dis quasi : ma connaissance est trop limitée pour être plus péremptoire).