Hier médiocre soirée, invité par les étudiants de maîtrise à me joindre à eux pour un dîner au restaurant — je l’avais prévu, et n’était un certain sens du respect de mes engagements, je serais resté dormir. Je me suis retrouvé en compagnie de gens dont je n’ai pas grand-chose à faire, il faut dire, à remuer des fonds de gamelles faute de mieux. A jouer à séduire sans plaisir (Bambi ou d’autres – Bambi ! comment ai-je pu être raide dingue de cette fille ?). A émettre des avis autorisés sur des gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, et dire des conneries qui pèseraient sur mon lendemain à coup sûr. A trop boire trop fumer parce qu’il faut bien faire quelque chose. J’ai maintenant un tenace mal de tête, l’impression que les vaisseaux sanguins à l’arrière du crâne sont tous horriblement contractés. Et la présence de compères habituels, Ferni, Ermold le Noir ou Broerec avait trop peu de rapport, dans ce milieu bâtard, avec ce qu’elle est d’habitude, pour qu’il soit possible de retrouver avec elle des plaisirs identiques (qui le demeurent, même si leur répétition lasse aussi).
Dans l’après-midi, un tour chez Broerec, où était déjà Mathieu, à faire sur l’ordinateur un tract pour le concert de Sabor le 6 juin ; donnant sur la place du Pilori à la fois animée et villageoise, l’appartement était bien agréable. Mais une telle fatigue m’a pris que j’ai bien failli m’endormir. Et le soir, passé avec Joris assez tard chez Coline, où étaient en sa compagnie les Mathieu(x) et Loïc. La conversation a vite tourné sur la musique, et on s’est bien marré ; on a un peu moqué Jérôme Courtois, l’éternel branché (c’est devenu une de nos boutades favorites de prétendre utiliser sa présence comme meilleur indicateur du caractère in d’un lieu ou d’un événement), et les textes que Matt écrivait pour Spash — des bêtises peu inspirées en général, il faut bien le dire. Mathix nous a bien fait rire lorsqu’il nous a raconté comment il avait raté une superbe occasion d’acheter une compil de Kool and the Gang, et quand on a cru qu’il considérait la bande originale de La Boum comme un pur chef-d’œuvre : il a des goûts difficiles à suivre. Il nous a aussi vanté, preuves à l’appui selon lui, le génie des groupes qui font de l’atmospheric, ou du post-rock (je ne vois pas bien ce que ça signifie, mais ça se dit maintenant), Labradford ou Tortoise, les nouvelles références. Ça ne m’a pas vraiment convaincu ; j’y entends moi des procédés plutôt ringards, où il n’y a pas grand-chose de nouveau ou d’extraordinaire : je n’arrive pas à voir l’avant-garde (même chose, dans un tout autre registre, pour la « nouvelle chanson française », un tas de types cultivant l’ennui chic dans des chansonnettes conventionnelles à la guitare acoustique, dont je ne vois pas bien la différence avec la variété la plus moche — et ce n’est pas une vague référence littéraire qui les sauvera ; Loïc, bien meilleur parce qu’il a une vraie originalité, pas feinte).