Samedi 12, dans l’été bien engagé

J’ai passé une bonne partie de l’après-midi dans le centre, et ça m’a déprimé. Je me suis senti plein de la plus grande inutilité, vide, mécontent ; par moments je m’arrêtais pour respirer un grand coup, histoire de mieux faire face aux événements. Toutes ces jolies filles, tous ces couples à l’air heureux : ça m’a mis le moral à zéro. Mais pas que ça. Je suis jaloux ; pire : envieux. Mais ne me sens même pas la capacité de rivaliser avec un quelconque de ces types. J’ai l’impression que je n’en suis plus capable, plutôt que je ne l’ai jamais vraiment été. Rester seul, de ne pas trouver l’amour, c’est bien ma plus grande angoisse. Et dès lors tout m’ennuie, tout m’indiffère. Je n’ai plus envie de rien que de disparaître. Fauché en pleine rue par exemple.

Puis (malgré cela) une petite soirée chez moi, agréable, avec juste Arnaud et Sophie et Georges ; je leur ai fait écouter un disque que j’aime beaucoup : les Amours de Ronsard mis en musique pour cinq voix par son contemporain Anthoine de Bertrand. Les canons y produisent par moments des effets très bizarres. Lorsqu’ils sont arrivés, j’étais à écrire quelque chose, et ils ont voulu lire ; c’est de nature à me pousser.

Greg et Bérengère n’ont pas appelé, alors que je sais qu’ils sont à Nantes, puisqu’ils en partent demain pour des vacances en Turquie. Je suppose que Bérengère aura été vexée de mon refus sans raison apparente de leur rendre visite à Angoulême le weekend dernier.