Samedi 26 juillet

Cet après-midi, il y avait une parade techno dans le centre-ville ; des chars avec des DJ dessus qui mixaient, et éventuellement des gens à s’agiter autour. Pas mal de monde en tout cas. Un spectacle inhabituel — et sans doute jamais n’y a-t-il eu autant de bruit sur le cours des Cinquante Otages. Je dis « spectacle » alors que j’aurais très bien pu participer, danser ; mais j’ai de la difficulté à entrer comme ça dans ce genre d’ambiance (et il y avait peu de gens à sembler vraiment dedans ; quant à faire quelque chose, autant le faire à fond). C’était étonnant — je n’arrive pas à me décider si c’était ou non extraordinaire ; pour beaucoup des passants, c’était en tout cas certainement insupportable. L’étonnant est qu’on puisse organiser des manifestations aussi extrêmes, au fond, dans une ville. La musique n’était pas toujours très intéressante, mais elle était très forte. Certains trucs très hardcore, proches de l’inaudible selon les normes courantes, m’ont plu, parce que ça repousse les limites de ce qui est admis. Mais c’est presque toujours associé à une imagerie simili-militaire crasseuse et vaguement punk sur le retour que je déteste, à quoi je ne me sens pas du tout participer. Je rêverais de la même musique jouée par un type sapé qui boirait du thé au jasmin : pourquoi pas ? Ce serait certes moins associé à « la révolte » ; ce ne serait pas le même monde.

J’ai croisé plusieurs connaissances sans leur parler (je joue celui qui n’a rien vu parce qu’on échangera chaque fois les mêmes « Qu’est-ce que tu deviens ? ça va ? » auxquels répondre me fait mourir d’ennui à l’avance, pour ne pas dire plus), puis ai faussé compagnie à ceux avec qui j’étais quand j’en ai eu assez. Mes goûts sont d’ordinaire plutôt calmes en fait.

Soirée bien différente : avec Joris et Sophie dans un restaurant afghan rue Santeuil ; depuis les quelques mois qu’elle est interne à l’hôpital de Châteaubriant, elle a tendance à déprimer — ce qui est un jour sous lequel je ne la connaissais pas, et qui lui donne un visage vraiment nouveau ; cela permet peut-être une profondeur nouvelle dans nos rapports.