Hier, un vrai temps d’été (désolé de me cantonner si souvent à des remarques sur le temps… c’est que ça a de l’importance dans le ressenti d’une journée), en bras de chemise jusqu’à minuit à une terrasse du Bouffay. Joris et moi on devait passer la soirée avec D., dont la venue à Nantes était programmée depuis longtemps. Mais la perspective venue depuis d’une grosse fête semi-publique quelque part dans la campagne a vite fait diverger notre projet. On est arrivé en retard l’un et l’autre pour commencer, on a même failli le rater ; et quand on s’est enfin retrouvé, ça a été au milieu d’un gros groupe, avec beaucoup d’inconnus de lui : conversation donc peu suivie entre nous, sans cesse interrompue, et finalement la tête ailleurs. Pauvre D.… Faire faux bon à un ami est malheureux, d’autant plus que c’est faire mentir la parole qu’on s’était à soi-même donné de lui consacrer du temps ; et que ce n’était pas là la première fois, mais que voulez-vous ? cela veut dire quelque chose ; la fête était vraiment beaucoup trop attirante, pleine de séductions, et une discussion entre vieux copains ce soir ne faisait pas le poids. Parce que de poids nous-mêmes n’en avons pas assez pour tenir tout seuls. Peut-être en a-t-il d’ailleurs eu le sentiment, puisqu’il est parti avant même qu’on se lève pour y aller. (On a pu le revoir un peu cet après-midi avant qu’il ne reparte pour Paris)
À la fête, à Casson très au nord de Nantes, on a retrouvé beaucoup de monde, Mathix, Loïc et Coline, Mady et Baptiste, etc. Ce sont des copains à eux qui organisaient, si j’ai bien compris. Beaucoup de monde, trois cents personnes peut-être, et de plus en plus une joyeuse réunion de poivrots à mesure que la nuit avançait. Mais bien ! de ces ambiances qui provoquent une joie diffuse et tenace, on raconte des conneries (ou pas, d’ailleurs), on passe de groupes en groupes. J’étais content de voir Mady, et surtout dans un tel endroit. On ne se voit après tout pas si souvent, et ça crée plus de communion que le repas dominical chez nos vieux parents ; pour m’embêter un peu, il y a que ça finit par faire un peu sortie en famille, maintenant que Joris est aussi souvent de la partie. Mais ça a aussi ses bons côtés de constater que nous pouvons frayer aussi dans les mêmes mondes. J’ai scotché un seul moment, quand je suis allé dehors discuter avec Ermold et Marie-Charlotte. L’un comme l’autre était saoul, et ils m’ont peu à peu tellement énervé que, sans parvenir à les quitter, j’ai commencé à les détester. La question était de savoir qui d’Ermold ou moi était le vrai, puisque nous sommes doubles, et il y avait une telle complaisance que j’en ai été mal à l’aise. Je me suis senti aussi misérable que doit se sentir le papillon fasciné contre sa volonté par la lumière de la lampe qui finira par le griller. Si jamais il pense.