Vendredi 6 mars 98

Hier après-midi, passé à la fac pour la première fois depuis trois mois (je n’ai plus rien à y faire) ; j’ai vu Ferni, avec qui la discussion a été assez féconde pour ma thèse, puis Marie-Charlottem’a entraîné boire un verre en ville. Au fond du 13&3, nous avons discuté encore longuement de ce phénomène qu’est Ermold le Noir, et de la vie qu’elle mène avec lui ; aussi de Petit-Fruit-Des-Bois-Parisien, beaucoup moins sûre d’elle même que ce qu’elle veut bien faire croire (c’est toujours à ce genre de révélation que finissent pas mener les conversations dites « franches », dans l’intimité). J’ai peu parlé de moi, mais il n’y a pas grand-chose à en dire. Arrivant place du Bouffay, j’allais oublier, on a croisé Audrey Gaillard (froide comme d’habitude), et *** : elle m’a cette fois fait peu d’effet. Ouf. Ensuite, à une exposition dans un appartement, puis à nouveau boire un verre, au Flesselles où nous a rejoint Ermold. À 21h, retrouvé Paul au Cinématographe pour une projection de films autour d’Andy Warhol et de Gerard Malanga. Certains bien chiants, comme le cinéma « expérimental » sait si bien l’être parfois parce qu’il expérimente surtout le vide, d’autres drôles ; des Jonas Mekas moins trash que ceux que je connaissais déjà ; et pour finir, le très concept Couch, d’Andy Warhol lui-même, avec comme vedette le vieux canapé de la Factory, qui subit des outrages divers (depuis la pose qui imite un plan du Sang d’un poète jusqu’à la fellation homo sans trucage — effet plutôt bizarre : contrairement à des filles nues, ce genre de choses est si rare que ç’en est presque plus excitant). Terminé la soirée au Saguaro, où j’avais au moins déjà sept ou huit copains ; parlé notamment avec Jeanne et Nicolas, qui retournent à Paris : Nicolas y a trouvé un emploi dans un journal financier. Je commençais à bien les apprécier. Discuté du mérite comparé des villes françaises ; Nantes est une de celles où le sentiment identitaire et narcissique est le plus fort, il paraît, a dit une enquête. Ça me va.

2h45. Je me suis fait ramener par Paul et Petit-Fruit-Des-Bois. Il sont restés à se bécoter dans la voiture au bout de ma rue après que je sois descendu : ils n’attendaient que ça. À la fac vers 15h, où j’ai travaillé une heure et demie avec Ferni à comprendre comment l’outil pouvait créer authentiquement du concept (c’est là-dessus que je suis sensé travailler, eh oui). Puis encore à une expo dans un appartement, rue de Strasbourg cette fois, avec Broerec, l’Espagnol breton, et Joris. La jolie copine de Marie-Charlotte qui s’appelle Claire y était, comme elle était déjà dans celui qu’on avait visité hier. Ensuite à un vernissage Chez Pichon : expo nulle, mais buffet grandiose, bière, vins, sandwichs fins et petits fours presque à volonté. On s’en est mis plein la panse, il n’y a pas d’autre mot. Retour à l’appartement, déjà assez bourrés (Georges très en forme ; il a volé des tampons et des serviettes hygiéniques dans les toilettes), avec Ermold, Marie-Charlotte, Paul et BT, qu’on avait retrouvés à la galerie. Restés jusqu’à la fermeture (un peu après 21h), et convoi jusqu’au Saguaro, où ça a été la soirée jeux de mots foireux ; j’ai fait ma gaffe quotidienne, cette fois à propos de quelque chose (pourtant anodin) que m’avait confié Marie-Charlotte hier soir, et Joris s’est disputé avec Ermold avec une véhémence un peu ridicule. Puis Fruit-Des-Bois est arrivée. Quand il n’a plus resté qu’elle, moi, Paul, Broerec et Adalard on s’est mis à parler de l’amitié, et en particulier de celle entre nous ; ce qui est toujours gênant parce que les violons ne tardent pas à pointer leur nez.