Lundi 30 mars 98, Nantes

Fait du SoundEdit en rentrant, quelques heures, puis écrit à Greg. Pour avoir sa nouvelle adresse, j’ai téléphoné à sa mère, qui m’a appris que samedi soir il s’était foulé le genou au rugby (comme par hasard), et restait pour le moment cloué chez lui ; en revanche elle n’était pas très au fait de se qui se passe entre Bérengère et lui, et je lui ai dit — sans entrer dans des détails qu’il ne m’appartient pas de révéler. Plutôt qu’écrire, il aurait fallu appeler, mais je ne m’en sens pas le courage : quoi dire ? Et puis une lettre a peut-être plus de poids. Plus tard, un coup de fil de Clément, très emmerdé parce qu’il est en rade de 8-pistes à Toulouse, en plein mixage. Si je ne suis pas trop fatigué, je vais rebrancher ma télé pour regarder un film de Makhmalbaf et Au Travers des oliviers de Kiarostami (donc suite au prochain numéro).

Madeleine est rentrée de son voyage en Italie, et se prépare à partir pour Romans en fin de semaine, un peu déboussolée de n’être bientôt plus étudiante. Je me suis remis mollement à draguer Sonia, mais elle est peu réceptive (on le serait à moins) ; et je ne suis pas sûr que ça doive avoir un aboutissement — le désir est présent, sans quoi ça n’aurait pas de sens, mais il faut se tenir sur la crête sur laquelle on marche. C’est incroyable comme le fait de lui parler, de la regarder, ou simplement de penser à elle peut me faire bander par moments (et je sais très bien ce qu’il y a de caché sous ses vêtements). Longtemps je me suis moqué des mecs qui prétendaient être capables d’avoir des érections juste en matant certaines filles à la plage ou à la piscine (ils le racontaient en se vantant c’est que c’est difficile à cacher quand on est en maillot de bain) ; je trouvais qu’ils exagéraient, et puis que c’était une manière d’être bestiale et machiste : je comprends mieux. Mais réagir ainsi est aussi pour moi un signe que je ne pourrais pas être amoureux d’elle. J’ai pourtant essayé de la convaincre de quitter le mec avec qui elle est depuis trois mois (ce que j’ignorais), et qui lui bouffe la vie ; mais pourquoi m’écouterait-elle ?

La nuit dernière, malgré mes efforts pour me coucher tôt, je n’ai réussi à dormir que quatre heures. J’étais persuadé que c’était à nouveau le signe que quelque chose allait se passer, mais pour le moment, rien de bien déterminant ; à moins qu’il ne s’agisse d’un changement intérieur…