Retour du troisième jour de tournage — décalqué. Je viens de prendre une douche pour me détendre (et me laver). Travail éprouvant, sans cesse entrecoupé de longues plages d’attentes, de cigarettes en quantité, de ratages techniques ; tellement agréable néanmoins. L’équipe fonctionne bien. Ce n’est pas autant la franche rigolade que lors des tournages précédents. C’est plus studieux, concentré peut-être ; mais l’ambiance est bonne — avec peu de tensions finalement. Seul Joris est vraiment speedé par son double rôle de metteur en scène et de comédien ; il est parfois un peu dépassé par les événements — mais ça reste assez bien organisé, et les relais de décisions se font tout de même (Sylvette et Père en particulier sont efficaces). Difficile de dire en revanche si le film sera bien ; j’ai l’impression qu’on n’a pour le moment pas grand-chose, et qu’il risque d’y avoir des ellipses périlleuses, de nombreux plans étant des « vignettes » en quelque sorte, évoquant une scène dont on se demande si elle est vraiment filmée : je peux me tromper. Les séquences plus jouées, souvent filmées presque en un seul plan (un autre décalage qui pourrait se produire avec les plans rapides enchaînés), sont plutôt convaincantes, et avec de belles images sans excès d’esthétisme ; Juliette, l’actrice, est très bien, quoique ce soit sa première expérience de cinéma, elle apporte beaucoup ; Paul s’en tire tout à fait, et Joris, avec son jeu mi-théâtral, mi-bressonnien, peut donner des choses — ça produira sans doute un effet inattendu. On a été très en retard, mais, au prix de quelques aménagements, il semble qu’on ait rattrapé. Demain, scènes au marché de Talensac. Et puis ce sera fini…