Samedi 30 mai 1998, Nantes

Noël à la fin de mai.

Petite déprime entre chien et loup hier soir, pas arrangée par le punch un peu sec que je m’étais préparé. Je suis passé chez Joris, qui écrivait dans son appart encore dans le large bordel ensanglanté du tournage (il n’a toujours pas nettoyé le faux sang) ; il m’a remonté les bretelles. Je ne savais plus trop ce que j’étais ou devais être, il a jugé que c’était mon entière faute : il a raison, quel que soit ce que je peux arguer pour me dédouaner. On est toujours responsable. J’ai l’impression que lui se pose moins de questions, ou qu’elles l’engagent moins.

Ensuite agréable passage au Saguaro, où Loïc a été sévère à nouveau — cette fois sur le groupe Morcheeba, qu’il venait de voir à l’Olympic. Parlé aussi des compositeurs classiques et de Sepultura (dont l’écoute du dernier album ces jours derniers m’a scié une nouvelle fois — seul le fait que le chanteur ne fasse autre chose que beugler me fatigue). Paul et Petit-Fruit-des-Bois : incroyable ce qu’elle peut être agaçante à toujours la ramener (sur le tournage, où elle a réussi à se faire engager comme cantinière – il faut bien qu’elle existe –, mais où elle ne pouvait s’empêcher de coller son grain de sel de temps à autres, elle s’est mise à dos les trois filles). Elle est beaucoup moins intéressante qu’Audrey par exemple, d’une bien plus grande intelligence de cœur, plus drôle, plus naturelle et plus modeste. C’est misère de devoir la supporter plutôt qu’elle.