Jeudi en soir en terrasse au Bouffay, à braver les orages, et pour moi des crises de rhume des foins éprouvantes. J’avais convenu du rendez-vous avec Chepe, mais ce sont d’abord Adalard, Sorin et sa copine, ainsi que Bruno Richard, le vieux copain d’Ermold, sur qui je suis tombé ; Adalard qui a fait une belle démonstration de la bêtise que devient le désir de se rendre intéressant lorsqu’il est poussé à bout, trempant les doigts dans sa bière pour se faire une crête, et se forçant tristement à être satisfait de son geste. J’ai eu honte pour lui. Pour le moment, je le vois sur une mauvaise pente. Lorsqu’ils ont été partis, tous sauf Bruno, longue discussion sur la littérature hispanophone, lorsque j’ai eu appris à Chepe qu’il en traduisait — conversation comme il faudrait en avoir plus souvent — où l’intelligence tient la place majeure. Bientôt rejoints par Broerec l’Andalou (mais peu versé dans la lecture de l’espagnol dans le texte — avant tout un grand feignant). Le lendemain, en terrasse tous les deux, seuls, puis terminés chez lui jusque tard à boire du Porto blanc sec qu’il a rapporté du Portugal ; le goût rappelle un peu le tokaji aszu du pays.
À la radio, je tombe sur une chanson du dernier album de Bashung : « Sommes-nous ». Un chef d’œuvre, texte (qui me parle de façon très directe, et n’est pas toujours loin de ce que j’ai écrit ou voulu écrire pour La Musique), musique, et arrangements : sans une faute[1]. Puis sans savoir pourquoi, je me sens tout ému. Cet après-midi, mariage au Croisic de ma cousine Estelle (trois ans de moins que moi…) ; je n’y vais pas à reculons, mais sais bien pour autant que ce sera pas mal au mieux. Je ne me sens pas à l’aise dans ce genre d’événements ; je n’y trouve pas ma place.
[1] Il est bien rare que dans la chanson française il n’y ait pas une de ces dimensions au moins à manquer.