Lundi 11 janvier 98, Nantes

Concert de musique contemporaine avec Loïc et Coline : des pièces de musique américaine pour percussions et pour clarinettes, par des élèves du conservatoire. Passionnant, souvent impressionnant. Les pièces les plus difficiles (John Cage, Ionisations d’Edgar Varèse) gagnent à être vues, pour une découverte — c’est un support non négligeable à l’écoute (oui, la musique est tout de même faite pour le concert : l’enregistrement n’est venu que récemment – il entraîne bien entendu ses spécificités) ; les percussions ont de toute façon un côté scénique indéniable. Avec cette particularité amusante pour quelqu’un de peu habitué à la musique écrite : quel que soit le bordel qu’ils fassent sur leurs fûts ou leurs bouts de métal, les musiciens ont l’œil rivé constamment sur la partition. Plusieurs morceaux de musique répétitive, dont j’ai préféré un de Steve Reich pour six marimbas, sans doute parce qu’il m’a fait penser à Tortoise, qui, à l’évidence, lui doivent beaucoup. (Entre ça et les concerts à l’hôtel de la Duchesse Anne à Fin de siècle, j’en aurai vu plus ces derniers temps que pendant des années. Là-bas, les œuvres d’art contemporain m’ont en revanche déçu. Des dispositifs intéressants, ou amusants, mais j’ai eu du mal à voir où ça pouvait aller de plus — c’est un fait que, dans l’absolu, j’attends beaucoup de l’art).

Ce soir avant que je parte, Sonia est venue, et nous avons fait l’amour. Je sais bien que je ne l’aime pas vraiment, au sens où l’amour est un feu qui ronge, mais j’étais terriblement excité, et si heureux d’être là avec elle, tellement à notre affaire, que je n’ai même pas eu besoin de fantasmer pour jouir ; j’avais très envie de lui dire que je l’aimais, et j’ai dû me retenir parce qu’il ne faut pas mentir sur un tel sujet. Si cette situation pouvait durer…