Hier soir (je venais d’avoir une journée difficile au collège, à cause de l’autoritarisme borné d’un principal adjoint connard et médiocre : je veux l’effacer au plus vite de mon esprit, ce genre de personne n’a rien à faire dans mon existence), j’ai accepté l’invitation inattendue de Broerec : aller voir l’avant-première d’Astérix, le nouveau gouffre financier du cinéma français (270 millions de francs). Évidemment, je ne serais jamais allé voir de mon propre chef un truc pareil, mais il avait des places gratuites par PIL’ qui organisait la soirée ; ça nous a permis de boire une bière avant dans le hall, et de découvrir la froideur clinquante, sans âme et populeuse des gigantesques complexes de cinéma implantés à Atlantis — un autre monde que ceux où je vais d’habitude, pas moins. Pour le reste, il n’y a pas eu grand-chose à voir. Un film d’une insignifiance absolue, dont il n’y a rien à retirer ; un scénario creux, qui imite maladroitement plusieurs des albums de Goscinny et Uderzo sans en tirer un seul instant la substance ; des décors grossiers et laids, un genre de parc Astérix miteux (les costumes à l’avenant) ; un plagiat ridicule de Mad Max 3 et d’Indiana Jones dans certaines séquences ; des effets spéciaux tocs et éculés ; des images constamment convenues ; et des comédiens inexistants à force d’en faire des tonnes, jusques et y compris Gérard Depardieu en Obélix — tous insupportables, à commencer par Clavier, on pouvait s’en douter. Bref, une merde insigne ; un des plus mauvais films possibles. Sans un gag (on ne rit vraiment pas). Tout ça est d’une bêtise incommensurable — et ça se prend au sérieux ! C’est pathétique. La BD est tellement au-dessus qu’elle n’en souffrira même pas, heureusement. Dans deux ans, plus personne n’aura le moindre souvenir qu’il en a été tiré un film, et c’est tant mieux. Mais si chacune de ses manifestations tourne court finalement, l’ennemi sans cesse reparaît ; et il est presque impossible de l’avoir vraiment en face de soi — combattre ses avatars si méprisables ne pourrait qu’abaisser. C’est sa force. Pour être plus terre-à-terre, on ne peut s’empêcher de penser que tout cet argent eu pu être sans difficultés mieux employé.
Ensuite, rejoint Ermold le Chroniqueur au Saguaro, où il nous a conté par le menu, et avec son talent habituel ses aventures semi-cauchemardesques à Madrid la semaine dernière.
Avant tout ça, j’avais fait l’amour avec Sonia.