Jeudi 4 février 1999, Nantes

Téléphoné à Madeleine, qui s’ennuie dans cette ville inconnue d’Arras ; enfin ce soir, ça allait plutôt bien. J’entendais sa voix résonner dans l’appartement encore vide (41, Grand place, en plein centre). C’est un peu à cause de ses histoires avec Baptiste qu’elle déprime ; ils n’en finissent pas de finir ou de recommencer. Longtemps, c’est elle qui en a eu assez, maintenant c’est lui qui semble ne plus souhaiter la voir. Mais elle ne m’en a pas trop parlé : « pour ne pas tourner à nouveau des idées noires ». Il est parti habiter Paris ; pour y chercher un travail. Mais pour le moment, passe surtout son temps en sorties et boisson. Il s’enracine, s’antoine-doinellise. Mais peut-être, avec le temps, auront-ils eu raison, Antoine Doinel et lui. Je ne suis, quant à moi, pas trop tenté par l’expérience : par faiblesse, et par antiparisianisme de principe (j’ai aussi là-bas moins de copains chez qui crécher indéfiniment).

Victoria est enceinte, de trois mois. C’est Joris qui me l’apprend (il le sait lui-même par Stéphanie — nous n’avons ni l’un ni l’autre plus aucun contact avec elle), ajoutant que c’est « sans doute son premier acte sincère ». Perfidie raisonnable.

C’est Paul qui ne va pas être heureux lorsqu’il l’apprendra.