La première chose que j’ai remarquée jeudi dernier (enfin le 28 janvier) en entrant dans l’amphi à la fac, après le fait inattendu qu’il était plein, c’est qu’il y avait au moins dix filles bien : première fois. Ça m’a surpris, vu que je pensais qu’il n’y aurait que Gagnepain à parler — je me suis même demandé qui était ce type grisonnant avec lui sur l’estrade. Tout s’est éclairé lorsque j’ai compris que c’était Daniel Buren : toutes ces filles venaient d’art plastique ou d’histoire de l’art. Voilà peut-être des disciplines intellectuellement moins intéressantes ou gratifiantes que l’anthropologie clinique (surtout pour la dernière, nulle et non avenue) ; mais pourquoi la mienne n’attire-t-elle que des thons monumentaux, des vieilles filles maigrichonnes et grisâtres, et pour ce qui est des mecs, des types dégarnis avec du psoriasis sur la figure portant pull jacquard et chemise à carreaux dépareillée en dessous ? A quoi il faut ajouter la fermeture de fait, en tant que groupe, des gens qui suivent les conférences[1]. Qu’ai-je à faire avec tous ces ratés moches ?
[1] Il est remarquable que le pourcentage d’étudiants (c’est-à-dire de gens qui ont mon âge ou moins — et je commence à être vieux pour un étudiant) dépasse rarement la moitié du total, et que c’est un effectif qui tourne beaucoup. Ceux qui sont là à chaque fois sont majoritairement vieux ; ils doivent suivre Gagnepain depuis le début ou presque. Il y a bien sûr des contraintes comme l’horaire, qui empêche les gens qui travaillent de venir ; mais que l’assistance soit majoritairement constituée de vieux croûtons à l’air ennuyeux au possible, d’une part, n’encourage pas à y venir, d’autre part ne me semble pas un très bon signe pour la vivacité de « l’école ».