Il y a deux ans, des chercheurs de l’université de Tôkyô ont réussi à greffer un appareillage électronique sur un être vivant : il ne s’agissait encore que d’un cafard, mais mieux valait sans doute un animal dont le système nerveux n’est pas trop complexe. Ils lui ont ôté les antennes, et les ont remplacées par des électrodes branchées sur le « cerveau », reliées à l’autre bout à un dispositif électronique qui permet de le guider par télécommande. Voilà donc l’animal devenu moitié cyborg, ses centres nerveux commandés par un ordinateur ; ou peu s’en faut. À ce moment, la précision des mouvements obtenus n’était pas encore optimale, à cause d’une connaissance trop déficitaire des localisations neuronales, mais on peut imaginer qu’on a progressé là-dessus[1] ; les chercheurs songeaient déjà à équiper l’étrange attelage d’une caméra vidéo miniature. Voilà en passe de résolution le difficile problème de la locomotion des robots : il suffit de leur faire parasiter un être vivant… On croirait une contamination du réel par les séries télé d’espionnage des années 60 ; un savant fou de The Avengers parachuté dans la réalité. Cela ne fait-il tout de même pas un peu froid dans le dos ?
[1] Une compréhension inadéquate de ce qu’est « l’intelligence », serait-elle celle d’un insecte, modeste performer dans ce domaine, n’empêche pas toujours une certaine efficacité des réalisations.